UN ENVIRONNEMENT QUI CONTRIBUERAIT A LA GUERISON DU PATIENT
QUATRE CRITERES DE BASE POUR UN HEALING ENVIRONMENT
L’organisation interne de l’hôpital n’était pas la seule préoccupation dans le concept; l’architecture, l’esthétique et la finition des locaux étaient un défi tout aussi grand. “L’attention pour le patient était expressément reprise dans la mission”, se rappelle directeur du projet Erik Vereecken. “Il fallait créer un ‘healing environment’: un environnement qui contribuerait à la guérison du patient.”
“Entre les differents volumes, des patios ont ete amenages, de la taille d’un square urbain. Ils apportent lumiere, vue et respiration”
HEALING ENVIRONMENT
Bien que le concept soit largement répandu aujourd’hui, les architectes n’étaient pas encore au courant de façon indivise des ‘healing environments’. D’après Vereecken, ceci a été précédé par une vaste étude de la littérature. “Nous ne voulions pas simplement faire quelque chose”, dit-il. “Cela devait avoir une portée scientifique. Nous avons trouvé la base de notre design notamment dans une publication du Nederlandse College Bouwvoorzieningen, qui énumérait quatre critères de base: lumière, contact avec la nature, intimité et stimulant. Ces aspects permettent de réduire largement le stress pour chaque utilisateur, et le patient en particulier, et restent considérés aujourd’hui comme le noyau d’un ‘healing environment’. Ils nous ont guidés résolument dans la suite de la conception.”
Lumière
Il est évident que la lumière est un facteur important dans la guérison des patients. “II s’agit cependant de bien plus que la lumière”, souligne Vereecken. “La luminosité et l’expérience de la température de couleur sont surtout déterminants. Les patients doivent pouvoir observer le rythme jour-nuit. Dans l’AZ Sint-Maarten, une grande attention a été accordée à l’incidence de la lumière dans les chambres. Une vaste étude de la couleur a été effectuée et même les chambres qui ne se trouvent pas le long de l’extérieur du bâtiment reçoivent chaque jour un bain de lumière via les grands patios.”
“Naturellement, la lumière doit aussi être utilisée avec intelligence”, nuance encore Vereecken. “Elle ne peut pas éblouir, ni entraîner la surchauffe dans les chambres. C‘est pourquoi on a aussi accordé une attention particulière à la protection solaire. Elle agit comme une peau, pour protéger le patient et le bâtiment.”
UNE PEAU INTELLIGENTE POUR L’HOPITAL
Bien que VK Architects & Engineers ait visé d’emblée une architecture no-nonsense avec l’AZ Sint-Maarten, l’équipe de conception a bel et bien voulu exprimer la fonction de la façade. “Une façade agit comme une peau”, affirme Vereecken. “Elle protège et contribue à la fois au confort et à l’intimité. Nous avons voulu inclure ces aspects dans l’esthétique de la protection solaire, avec ses lamelles horizontales ondulées.”
“Bien entendu, la protection solaire n’est pas qu’une simple folie architecturale”, souligne Vereecken. “L’ondulation, l’inclinaison et l’intervalle des lamelles ont été déterminés façade par façade et à l’aide de simulations CFD, dans le but de minimiser le refroidissement nécessaire, d’optimiser l’incidence lumineuse et d’offrir une vue suffisante au patient depuis la position tant couchée que verticale. De plus, on a aussi cherché la nécessaire standardisation: finalement, tout a été fabriqué avec trois modules différents, qui peuvent être appliqués dans différentes constellations. En variant dans la séquence, la rythmique et les intervalles, on obtient maintenant une protection solaire adaptée pour chaque façade.”
Contact avec la nature
Hormis la lumière, les grandes lumières offrent aussi une vue extérieure. “Nous avons tenté de donner à tous les patients dans l’AZ Sint-Maarten un lien direct avec la nature,” raconte Vereecken, “via la vue sur les prairies environnantes ou via la vue sur les patios verts à l’intérieur du bâtiment.”
Néanmoins l’étude de la littérature a montré que le contact avec la nature exerce aussi une influence positive sur la guérison du patient quand il est seulement suggéré. “Cette suggestion réside notamment dans l’esthétique de la protection solaire et le choix de structures de bois dans la chambre”, confie Vereecken.
Intimité et contrôle
Pour offrir aux patients une sensation d’intimité et de contrôle, VK Architects & Engineers a tenté de faire correspondre autant que possible les chambres à une chambre chez les personnes à la maison. C’est pourquoi on a prévu un maximum de chambres d’une personne et qu’on a choisi les structures de bois plutôt neutres, mais domestiques, pour l’aménagement. Une paroi de salle de bains coulissante offre au patient et au personnel littéralement le contrôle de l’espace. “La paroi permet une utilisation modulaire de la chambre. Les patients peuvent ouvrir ou fermer aussi bien la salle de bains que le sas d’entrée.”
Du reste, on veille à une intimité optimale dans les chambres doubles. “En plaçant les lits l’un contre l’autre, les deux parties peuvent être aisément fermées. De plus, chaque patient reçoit sa propre cellule sanitaire.”
Distraction et stimulant
Pour terminer, les patients et les visiteurs ne doivent pas être surexcités mais la monotonie doit aussi être évitée. “Si un utilisateur attend ou se rend quelque part, quelque chose doit se passer”, affirme-t-il. “Tout ne doit pas être pareil.”
“Dans cette optique, nous avons accordé une grande attention par exemple à l’espace de circulation, plus précisément l’épine dorsale. Ce n’est pas un simple couloir de 200 m long. Nous avons prévu des espaces ouverts à différents endroits- et utilisons maintes fois des parois cintrées pour guider le visiteur. En même temps nous avons veillé à ce que l’épine dorsale reste toujours identifiable en tant que telle. A l’extérieur elle est articulée comme un volume vitré, tandis que l’œuvre d’art Sampled, de Koen van den Broek, agit comme élément d’orientation à l’intérieur.”
L’œuvre d’art, une composition de formes abstraites, a été appliquée par impression numérique sur toute la façade de verre de l’épine dorsale et s’inscrit dans le cadre de l’obligation flamande de consacrer une certaine partie du budget à l’art dans ce genre de projets. “Cela correspondait parfaitement à notre intention de donner une identité marquée à l’épine dorsale”, souligne Vereecken. “Grâce au langage visuel abstrait, l’œuvre parvient en outre à réaliser l’action stratifiée postulée: Sampled agit aussi bien au niveau de la façade complète qu’à celui d’un seul étage, voire d’une seule fenêtre. Vous voyez ainsi qu’elle contribue à l’orientation et dès lors au calme, mais défie aussi les gens à trouver l’histoire derrière l’œuvre.”
