EN QUETE DE SYMBIOSE
L'ORGANISATION INTERNE D'AZ SINT-MAARTEN
Pour l’organisation interne de l’hôpital, l’équipe d’architecture a adopté différents principes organisationnels. “Outre un bâtiment compact et flexible permettant des extensions internes et externes, l’attention a été consacrée notamment aux flux séparés, à une séparation des soins ambulants et cliniques, à une centralisation des services médico-techniques et à un regroupement vertical”, explique arch. Erik Vereecken. “Certains de ces principes étaient déjà éprouvés, d’autres un peu plus novateurs. La véritable innovation résidait toutefois dans leur combinaison. Au lieu de sous-tendre notre concept à un seul principe, nous avons cherché la symbiose.”
“Une erreur typique est que les departements etroitement lies doivent litteralement se situer l’un a cote de l’autre”
EPINE DORSALE
“Prenez l’épine dorsale”, illustre le directeur du projet. “Cet axe central traverse l’hôpital et forme un élément structurant pour à la fois la circulation interne et l’agencement. Primo il rassemble toute la circulation des personnes et des marchandises horizontale et verticale, secundo il forme la limite entre ambulatoire et hospitalisé.”
Circulation compacte
L’épine dorsale orientée est-ouest parcourt les 200 m de l’hôpital nouvellement construit et se répète à chaque étage. Elle donne accès aux différents services ainsi qu’aux départements infirmiers aux étages supérieurs. La circulation verticale y est aussi directement greffée.
“La combinaison de l’épine dorsale et de la circulation verticale nous a permis d’élaborer un système de circulation très compact et pourtant séparé”, confie Vereecken. “Dans un hôpital, quelque 25 à 30 % de la superficie concernent la circulation; nous l’avons limité à 15 %. Ce fut une clé essentielle pour la construction compacte.”

“Au lieu d’un dédoublement des couloirs logistiques, nous avons choisi ici une circulation verticale séparée”, explique le directeur du projet. “Une organisation intelligente des cages d’ascenseur fait en sorte que l’épine dorsale est utilisée des deux côtés: d’une part les ascenseurs pour les visiteurs, d’autre part les ascenseurs pour les lits, qui débouchent directement dans les unités de soins infirmiers. Selon le même principe, des ascenseurs logistiques, en provenance du sous-sol logistique, aboutissent directement dans les unités de soins infirmiers. Ainsi, ni les chariots, ni les patients ne doivent circuler par le couloir public.”
Ambulatoire ou hospitalisé
Dans un hôpital, il ne faut pas seulement séparer les patients et les visiteurs. “La séparation entre patients ambulatoires et hospitalisés est aujourd’hui un principe généralement admis,” précise Vereecken, “et elle est ici facilitée par l’épine dorsale. C’est le plus visible dans la clinique de jour au premier étage: les patients ambulatoires entrent par l’avant public transparent et sont amenés vers le bloc opératoire via la clinique de jour, tandis que les patients hospitalisés le rejoignent directement via l’ascenseur de lits.”
BOULEVARD DES SOINS
Dans le plan terrier de l’AZ Sint-Maarten se dessine encore un second axe structurant: un boulevard des soins orienté nord-sud. Tout comme l’épine dorsale, celui-ci remplit une fonction multiple dans la structure de l’hôpital. Primo il fait office d’accès public à l’hôpital – avec une largeur de 25 m, une hauteur de deux étages et de grandes parties vitrées il agit plutôt comme un atrium – et abrite les services publics tels que le comptoir d’inscription, la cafétéria, le shop et les distributeurs de boissons. Secundo il détermine la séparation spatiale entre les services urgents et nonurgents de l’hôpital, respectivement à l’ouest et à l’est de cet espace.
EVACUATION DES GAZ DE FUMEE DANS LE BOULEVARD DES SOINSAvec une longueur de 100 m, une largeur de 25 m et une hauteur de deux étages, le boulevard des soins forme un atrium public mais surtout aussi un défi technique en termes de prévention incendie. En effet, un tel espace ne satisfait pas comme cela aux exigences du compartimentage.“Naturellement nous ne voulions pas porter atteinte à l’ouverture de l’espace,” précise Vereecken, “notre département Fire Engineering a donc cherché une solution alternative. Ils l’ont trouvé dans l’utilisation de rideaux anti-incendie associés à deux gigantesques ventilateurs de fumée. En cas d’incendie, les premiers descendent, les derniers aspirent la fumée vers le haut, afin d’évacuer le rez-de-chaussée en sécurité.”“A l’aide de simulations CFD, nous avons pu montrer l’efficacité de l’intervention, ce qui a conduit à l’approbation finale.”
PUZZLE TRIDIMENSIONNEL
Regroupement vertical
Si l’épine dorsale et le boulevard des soins définissent certains secteurs structurants horizontaux, différentes zones sont aussi identifiables au niveau vertical. “Dans les grandes lignes, on peut affirmer que l’hôpital est constitué de trois niveaux, également reconnaissables comme tels dans l’architecture”, précise Vereecken.

“Au sous-sol se trouve le niveau logistique, avec notamment le restaurant du personnel, la stérilisation centrale, la radiothérapie, la pharmacie et les différents services logistiques. On peut livrer directement via un chemin d’accès immergé, et tout est ensuite distribué dans l’hôpital via l’épine dorsale. Du reste, des patios sont aménagés au sous-sol, de la taille d’un square urbain. Ils ne sont pas accessibles au public mais apportent une respiration dans le bâtiment complet. Sous les patios se trouvent en outre des bassins d’eau pour faire face au danger d’inondation éventuel.”
“Les deux premiers étages, ensuite, agissent comme socle médico-technique. Du côté urgence du boulevard des soins se trouve le ‘hot floor’ médical – le service d’urgence, l’imagerie médicale, la clinique de jour, le bloc opératoire, les soins intensifs, … –, à l’ouest se situent les services de soutien – le labo, l’administration, les salles polyvalentes …”
“Aux étages au-dessus, pour terminer, se trouvent les différents départements de soins infirmiers. Ils sont tissés comme une sorte de doigts ou de blocs tetris autour des patios et sont reliés à l’épine dorsale. Au cinquième étage figurent encore les locaux techniques.”
Matrice relationnelle
Toutefois l’organisation des services et départements ne se limite guère au regroupement horizontal et vertical. “Dès la phase du concours, nous avons travaillé autour de la matrice relationnelle que le client nous a fourni”, explique Vereecken. “Dans celle-ci est indiquée avec précision l’importance des relations entre les différents services. Ceci est devenu finalement notre fil rouge pour peaufiner l’organisation du bâtiment – un puzzle pas tellement bidimensionnel mais tridimensionnel.”
D’après Vereecken, c’est une erreur qui est régulièrement commise: “on pense que proximité veut dire que deux départements doivent être effectivement juxtaposés. Mais le voisin du dessus ou du dessous est aussi un voisin et moyennant une bonne liaison par ascenseur, vous y accédez peut-être encore plus vite. En définitive, ce n’est pas la distance entre deux départements qui compte, mais la durée du voyage. Plus vous le gardez court, plus le confort des utilisateurs est grand et plus le coût d’exploitation est limité à terme. Car moins on perd du temps dans les déplacements, plus le travail peut être efficace.”