Pourquoi le panneau ignifuge n'est-il pas la norme?
Des bâtiments plus surs grace aux panneaux retardateurs de flamme
Le pire cauchemar de tout un chacun s‘est réalisé en 2017 lorsque la tour Grenfell à Londres a pris feu. Les recherches ont mis en évidence l‘état pitoyable du bâtiment, notamment en termes de sécurité incendie: le revêtement de façade installé en 2016 pourrait avoir contribué à la propagation rapide de l‘incendie au lieu de le ralentir. Tout cela a ramené au premier plan l‘importance d‘éléments de construction résistants au feu dans nos bâtiments. Les panneaux retardateurs de flamme peuvent déjà y contribuer.

Prévention de l‘incendie
Il va sans dire qu‘une protection adéquate contre le feu est d‘une importance capitale. Pour les structures de bâtiment, cette protection peut exister de deux manières: l‘une sous forme de résistance au feu et l‘autre sous forme de matériaux retardateurs de flamme.
Les deux concepts sont clairs: le terme ‘retardateur de flamme‘ est lié au comportement au feu d‘un matériau ou d‘un produit. Il fait référence à l‘influence qu‘a ce matériau sur le développement et la propagation du feu.

La ‘résistance au feu‘ désigne la capacité d‘un système ou d‘un élément de construction à conserver ses propriétés (structurelles) pendant une période de temps donnée.
Le tout est plus grand que la somme de ses parties
Cependant, la résistance au feu est complexe. Elle peut être décrite comme la capacité d‘un élément de construction à continuer à répondre aux exigences de stabilité au feu, d‘étanchéité au feu, d‘isolation thermique et/ou de toute autre fonction requise pendant une certaine période de temps (en Belgique, elle est de 30, 60 ou 120 minutes).
- Stabilité au feu (R): elle détermine la mesure dans laquelle un élément de construction peut résister (et donc maintenir sa stabilité structurelle) à un incendie qui se produit sur une ou plusieurs faces, sous certaines contraintes mécaniques et pendant une certaine période de temps.
- L‘étanchéité au feu (E): d‘un élément séparatif exposé au feu d‘un seul côté est sa capacité à empêcher les flammes et gaz chauds de le traverser, évitant ainsi que le feu ne puisse apparaître sur le côté non exposé.
- Isolation thermique (I): l‘aptitude d‘un élément séparatif à prévenir le passage de la chaleur.
Le panneau retardateur de flamme
Les panneaux retardateurs de flamme contiennent toujours le matériau de base (fibres de bois) mais divers additifs ont été ajoutés. Il s‘agit principalement de sulfates, dont l‘effet peut être comparé à celui d‘un extincteur. Dans le processus industriel, les additifs sont mélangés aux fibres de bois et compressés en un panneau homogène.
Une autre méthode pour rendre un panneau ignifuge consiste à le laquer ou à en pulvériser la surface avec un revêtement retardateur de flamme.

Attention au formaldéhyde
Pour les panneaux retardateurs de flamme, il est très important que le taux de formaldéhyde soit aussi faible que possible. Mais ce n‘est pas évident. Le formaldéhyde est naturellement présent dans le bois, bien qu‘en petite quantité. Mais ce composé organique volatil (COV) nocif est également un composant des adhésifs utilisés pour produire des panneaux; si un panneau prend feu, une grande quantité de formaldéhyde est libérée. C‘est pourquoi un panneau retardateur de flamme doit contenir le moins de formaldéhyde possible.
Minimiser le développement de fumée
Les matériaux retardateurs de flamme doivent empêcher autant que possible le développement de fumée. Le développement de fumée réduit la visibilité vers les voies d‘évacuation et met la vie en danger. Le développement de fumée est déterminé par le matériau utilisé dans le panneau et sa compacité.
Finitions
Les panneaux peuvent être dotés de nombreux types de finition, mais il faut tenir compte de l‘influence des additifs utilisés sur la finition et des propriétés ignifuges. Par exemple, une certaine finition peut entraîner un plus grand développement de fumée.
Combinaison possible
Les panneaux retardateurs de flamme peuvent avoir des propriétés supplémentaires. Par exemple, certains sont également résistants à l‘humidité. Ce type est utilisé, par exemple, dans la construction navale ou dans les pièces humides des espaces publics (comme les cuisines des bâtiments du secteur public).
Caractéristiques techniques
La plupart des panneaux retardateurs de flamme ont une densité supérieure à celle des panneaux classiques. C‘est lié à la résistance à la déformation lorsqu‘un panneau est effectivement en feu. En outre, lors de la finition, il faut tenir compte du fait que les additifs utilisés deviennent visibles dans certaines circonstances. Si on n‘utilise pas le bon adhésif, le bon matériau de finition ou la peinture adéquate, cela peut affecter le résultat final.

Durabilite
Les panneaux retardateurs de flamme ont une relation ambiguë avec le principe circulaire. D‘une part, le matériau de base se prête bien à la réutilisation, avec, par exemple, du bois recyclé trié qui est transformé en panneaux de particules. D‘autre part, de nombreux additifs sont de nature chimique et donc non biodégradables.
On est donc toujours en train de travailler pour que les matériaux retardateurs de flamme trouvent leur place dans l‘aventure circulaire. De nombreux départements de R&D planchent sur des matériaux et des additifs pouvant être utilisés de manière circulaire.
Fonctionnalité au top
En Belgique, les normes de protection incendie s‘appliquent à tous les bâtiments neufs ou aux extensions de bâtiments – sauf pour les maisons individuelles et les ‘petits‘ bâtiments (< 100 m² et jusqu‘à deux étages).
Les panneaux retardateurs de flamme sont donc principalement utilisés dans les appels d‘offres publics et dans les espaces où c‘est nécessaire, comme les bâtiments publics, les aéroports, les stands d‘exposition ou les auditoriums.
En d‘autres termes: des endroits où il peut y avoir beaucoup de monde. Les autres applications sont les murs de compartimentage, les sols d‘étage et bien sûr les murs et les plafonds des voies d‘évacuation.
Pas encore la norme
Cependant, le panneau retardateur de flamme n‘est pas encore la norme. En effet, il est beaucoup plus cher qu‘un panneau ordinaire en raison de ses additifs et de ses certifications. La différence de prix dépend du type de matériau et de sa classe de feu.
Ces additifs améliorent souvent la résistance à la déformation du panneau de sorte qu‘il obtient un meilleur score en termes de qualité. De plus, les propriétés ignifuges de la plupart des panneaux restent intactes pendant toute leur durée de vie.
Une vision qui évolue
L‘une des rares conséquences positives de l‘incendie de la tour Grenfell de Londres en 2017 est qu‘il a fait changer beaucoup de choses. L‘objectif est maintenant de réviser les normes de sécurité incendie pour les façades. Parallèlement, les normes concernant la réaction au feu des éléments de façade deviendront plus strictes à l‘avenir. Cela conduira à une utilisation accrue de matériaux (panneaux) retardateurs de flamme.