Circularite et recyclage pour le secteur de l’aluminium
Il n'est pas surprenant que la circularité et le recyclage suscitent un grand intérêt de la part des membres de la FAC. En effet, le secteur de la construction représente une part importante dans l'impact environnemental global, la consommation de matériaux et le flux de déchets. Le passage à un modèle circulaire permet au secteur de relever ses défis en matière de durabilité tout en tirant parti de nouvelles opportunités. Trois intervenants ont expliqué leur expérience pratique: Jona Michiels (Groupe Van Roey), Tim Ost (VK Architects & Engineers) et Joris Verhiest (Hydro Building Systems).
construction circulaire et analyse du cycle de vie
Responsabilité du secteur
Jona Michiels (Innovation Manager du groupe Van Roey) a expliqué la façon dont le groupe Van Roey expérimente la construction circulaire depuis 2017, contribuant ainsi activement aux solutions visant à rendre le secteur de la construction plus durable.

Le secteur de la construction est responsable de 40% de la consommation d'énergie dans l'UE, 35% des émissions de CO2, 31% des matériaux utilisés et 33% des déchets. Il n'utilise pas les matériaux avec parcimonie et il faut que ça change d'urgence. Les matières premières vont se raréfier ou s'épuiser au cours des prochaines décennies. En outre, certains choix de conception et de matériaux dans les bâtiments ont un impact environnemental global plus important que la consommation d'énergie. C'est ce que montrent les analyses du cycle de vie (ACV) des projets de construction, lesquelles décrivent les différentes phases et les différents processus - de l'extraction et de la transformation des matières premières au recyclage, en passant par le transport, la production, la construction, la réutilisation, la mise en décharge ...

Analyse du cycle de vie
Une analyse du cycle de vie au début d'un projet de construction est précieuse car elle fournit un score environnemental intégral fondé et permet de prendre des décisions réfléchies et durables en ce qui concerne la conception, le choix des matériaux, etc. Une analyse du cycle de vie fournit un soutien objectif et quantitatif à une construction circulaire respectueuse de l'environnement, où les matières premières et les matériaux de construction peuvent être utilisés et réutilisés de manière intelligente. Cela crée un cycle fermé, contrairement au modèle linéaire classique, qui puise toujours dans de nouvelles matières premières.
Transformabilité et modularité
La transformabilité et la modularité font partie des principes de base de la construction circulaire. Ainsi, la fonction d'un bâtiment peut être adaptée (p.ex. de bureau à maison) sans trop de coûts et de flux de déchets. En outre, les matériaux et composants peuvent être facilement démontés pour être réutilisés ou recyclés. Un 'bâtiment circulaire' peut être décrit comme un lieu temporaire pour des matériaux qui peuvent être enlevés séparément.

Total Cost of Ownership (TCO)
En plus des objectifs écologiques, les modèles d’entreprise circulaires visent à réduire le prix de revient d'un projet de construction sur l'ensemble de son cycle de vie. C'est pourquoi il est important de réfléchir au coût total de possession (CTP) dès la phase de conception.
Le processus de décision ne se concentre donc pas seulement sur le coût de l'investissement initial. Il tient aussi compte des coûts à plus long terme pour la maintenance et l'exploitation. Les informations relatives au CTP peuvent conduire à des choix de conception alternatifs qui peuvent rendre le bâtiment plus cher au début mais générer des économies sur l'ensemble de son cycle de vie.
L’expérience pratique est cruciale
L'approche circulaire est en train de se faire une place dans le secteur de la construction. Mais, comme le souligne Jonah Michiels, la mise en œuvre n'est pas évidente. Cela s'applique également à un produit complexe tel que la menuiserie extérieure en aluminium. C'est pourquoi la recherche et l'expérience pratique dans le cadre de projets pilotes tels que le Circular Retrofit Lab sont très précieuses pour pouvoir répondre à diverses questions: 'Quand la réutilisation est-elle souhaitable et sous quelle forme?' 'Des modèles d’entreprise alternatifs tels que Pay-Back ou As-a-service sont-ils possibles?' 'Les filières de recyclage actuelles sont-elles suffisantes?' ...
La construction circulaire exige une approche intégrale
Tim Ost, ingénieur de projet Sustainable Design, a expliqué l'approche circulaire de VK Architects & Engineers. Ce cabinet de conception et d'ingénierie offre un large éventail de services de conception, notamment la conception durable et l'ingénierie des façades. Dans chaque projet, elle s'efforce d'adopter une approche intégrée avec pour objectifs un résultat durable et un impact environnemental réduit à long terme.

Donner forme à la construction circulaire
La circularité se situe au niveau du bâtiment et du produit, entre lesquels VK Architects & Engineers tente de construire un pont, dit Tim Ost. Le cabinet a développé un cadre de réflexion à trois piliers pour aider les clients des projets de construction à concrétiser la circularité:
- Premier pilier: le bâtiment est-il axé sur le changement? Pour le savoir, il faut poser des questions spécifiques telles que le degré de flexibilité du bâtiment et sa durée de vie;
- Le deuxième pilier se concentre sur le choix des matériaux et la nécessité de systèmes démontables et remontables en fonction de la durée de vie technique, fonctionnelle, économique et esthétique du bâtiment;
- Le troisième pilier se concentre sur le choix du modèle d'entreprise circulaire.
Modèles d'entreprise circulaires
L'un des modèles d'entreprise les plus connus est le modèle ‘Product-as-a-Service’ (p.ex. Facade-as-a-service; Elevator-as-a-service … ) avec lequel l'utilisateur n'achète pas un produit mais un service. Ici, le fabricant/fournisseur reste propriétaire du produit et responsable de ses performances pendant et après sa durée de vie. Le fabricant a donc intérêt à proposer un produit de haute qualité et durable. En outre, l'identification et la traçabilité des matériaux sont importantes en vue de leur démantèlement, de leur réutilisation et/ou de leur recyclage. Ces derniers aspects s'appliquent également au modèle Take-Back avec lequel les fabricants reprennent leurs produits à la fin de leur cycle de vie pour les recycler ou les refabriquer. Selon l'orateur, ce modèle devrait être élargi par un recours accru aux 'urban minors' (entrepreneurs de démolition) qui, par exemple par le biais de dépôts urbains centralisés, collectent les matériaux et rendent l'activité plus attrayante sur le plan économique grâce à des volumes plus importants.
Concrétiser la construction circulaire?
Tim Ost a également examiné un certain nombre de labels qui ont été créés pour mesurer et améliorer la durabilité des bâtiments et des produits. L'un des labels les plus connus au niveau des bâtiments est le BREEAM, qui mesure la performance en matière de durabilité par rapport à des critères tels que la 'flexibilité du bâtiment', 'l'efficacité des matériaux' et 'l'impact environnemental des matériaux de construction', et attribue une certification au bâtiment sur base du score obtenu. Les labels Cradle-To-Cradle et EPD sont des exemples de labels qui mesurent et certifient la durabilité des produits.
Depuis 2018, le secteur belge de la construction peut utiliser l'outil web TOTEM (Tool to Optimise the Total Environmental Impact of Materials) pour quantifier et évaluer la performance environnementale des bâtiments et des éléments de construction. Cette méthode, qui donne un score groupé, applique des évaluations génériques du cycle de vie (ACV) et, en plus des indicateurs environnementaux, prend en compte des facteurs de monétisation qui représentent le coût pour la société de la réparation de tout dommage environnemental.
La construction circulaire rend l’aluminium eternel
Joris Verhiest (Marketing Director Region West bij Hydro Building Systems) a conclu la soirée thématique par une présentation sur les défis de durabilité du secteur de l'aluminium et les solutions développées à cet effet par le groupe Hydro.

Les défis de l'empreinte CO2
La croissance rapide de la demande internationale d'aluminium place le secteur de l'aluminium face à des défis majeurs en matière de durabilité.
Il faut savoir que la bauxite est extraite dans des régions dispersées, parfois éloignées, et que la production d'aluminium primaire, très énergivore dans le monde entier, dépend encore beaucoup du charbon et du gaz naturel. Par conséquent, l'empreinte carbone moyenne de l'aluminium primaire est importante. En outre, le secteur de la menuiserie et des façades en aluminium représente une part importante de l'empreinte carbone totale (13% en moyenne).
Et la part de l'aluminium primaire dans l'empreinte écologique d'une fenêtre en aluminium est de 65%, contre seulement 24% du poids total de la fenêtre. L'utilisation d'aluminium à faible teneur en carbone ou d'aluminium recyclé dans la production réduit considérablement l'empreinte carbone. Et même après un cycle de vie complet, la fenêtre en aluminium peut être recyclée en de nouvelles fenêtres en aluminium sans aucune perte de qualité.
Stratégie climatique
Afin de contribuer à la réduction de l'empreinte environnementale du groupe, et du secteur en général, Hydro a lancé une nouvelle stratégie climatique, avec pour objectif de réduire ses émissions de CO2 de 30% d'ici 2030, soit l'équivalent des émissions annuelles de 1,2 million de voitures ou de 4 millions de tonnes de CO2e. Le groupe poursuit cette ambition d'une part en réduisant ses propres émissions et d'autre part en aidant ses clients à réduire leur empreinte.
Valorisation de la ferraille d'aluminium
Selon l'orateur, la ferraille d'aluminium a une valeur intrinsèque élevée. Avec environ 75% de tout l'aluminium produit encore en usage, la ferraille d'aluminium post-consommation représente une réserve d'énergie presque illimitée qui peut/va jouer un rôle crucial dans l'avenir de l'économie circulaire. En effet, l'aluminium est un matériau pratiquement infini, recyclable à 100%, et la production d'aluminium recyclé ne nécessite que 5% de la consommation d'énergie nécessaire à la production d'aluminium primaire. L'ensemble du processus de production est entièrement traçable et les produits sont certifiés par des tiers indépendants.
Label Menuiserie Durable
Hydro soutient également 'Menuiserie Durable', un label public normatif créé par la BCCA en collaboration avec l'industrie pour soutenir le meilleur fabricant de menuiserie contre la concurrence déloyale. Ce label est un aperçu de l'ensemble des exigences techniques et des critères de durabilité, énoncés dans une charte, que doit respecter toute entreprise souhaitant obtenir le label.