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BEAUCOUP D'OPPORTUNITES DANS LA NAVIGATION INTERIEURE

Krista Maes: “En 2017, nous avons retiré des routes 3,5 millions de camions grâce à la navigation intérieure et ce nombre doit encore augmenter à l'avenir”

Dire que la mobilité prend la mauvaise route dans notre pays, c'est enfoncer une porte ouverte. Chaque année, nous perdons de plus en plus de temps dans les bouchons. Il n'est pas rare que l'on pointe du doigt le trafic de poids lourds dans cette plaque tournante logistique d'Europe. Mais cela pourrait être pire. Par exemple s'il n'y avait pas le secteur de la navigation intérieure. En effet, ce secteur a transporté l'an dernier 72 millions de tonnes de marchandises, l'équivalent de 3,5 millions de camions et une part de marché de 15%. Via des investissements dans l'automatisation, De Vlaamse Waterweg nv veut arriver à 20% d'ici 2030. InfraStructure a discuté avec sa toute nouvelle directeur des opérations Krista Maes à propos des ambitions, des investissements et des fusions.

DE VLAAMSE WATERWEG NV

Binnenvaart

Depuis le 1er janvier 2018, Waterwegen en Zeekanaal nv et De Scheepvaart nv poursuivent leurs activités sous une bannière commune: De Vlaamse Waterweg nv. “Les deux entités étaient déjà composées d'anciennes administrations", commence la directrice des opérations Krista Maes. “Une première fusion des administrations a été effectuée en 2004. Il n'est plus resté que deux entités, chacune gérant une partie de la Flandre. Waterwegen en Zeekanaal s'occupait de le la partie occidentale et De Scheepvaart, de la partie orientale. Lors du nouvel accord gouvernemental en 2014, le Gouvernement flamand a décidé d'effectuer une fusion supplémentaire si bien qu'aujourd'hui, il ne reste plus qu'une seule circonscription. Toutes les voies navigables en Flandre sont maintenant gérées par De Vlaamse Waterweg nv."

UNE FUSION POUR PLUS D'UNIFORMITE

La fusion entre De Scheepvaart et Waterwegen en Zeekanaal est encore assez récente mais elle a déjà des conséquences claires, tant pour le personnel que pour les clients de la nouvelle agence. “Les deux anciennes entités avaient des missions similaires mais des approches différentes", explique Krista Maes. “La fusion crée donc une uniformité pour nos clients, qui n'ont plus qu'un seul interlocuteur. Il y a encore du pain sur la planche mais tout est déjà déterminé. Et au niveau du personnel, notre tâche est d'amener tout le monde à regarder dans la même direction. Lors d'une fusion, il y a toujours des collaborateurs qui n'y croient pas ou qui sont plutôt réticents face aux changements. Mais cette approche était la bonne. Tout le monde peut continuer à travailler à son poste. Peut-être que le contenu du job a un peu changé, ce qui nécessite parfois une certaine malléabilité. Ainsi, nous essayons d'harmoniser les deux règlements de travail et pour ça, il faut beaucoup de concertation avec les organisations syndicales. Mais à côté de ça, il y a bien sûr beaucoup d'employés qui sont très positifs et qui reconnaissent qu'une fusion s'imposait."

INVESTIR DANS L'INFRASTRUCTURE ET L'INNOVATION

La mission principale de De Vlaamse Waterweg nv est de favoriser la navigation intérieure. “Pour ce faire, il faut évidemment de nombreux investissements", avoue Krista Maes. “De Vlaamse Waterweg nv investit surtout dans l'infrastructure et l'innovation. De plus, dans le cadre des projets climatiques, nous devons aussi miser sur la gestion de l'eau. Et comme l'eau est attirante, nos services sont aussi de plus en plus sollicités pour promouvoir l'aspect récréatif dans et aux abords de l'eau. Un bel exemple est l'ouverture du Reep à Gand, qui ramène l'eau dans le centre-ville."

QUI EST KRISTA MAES?

Krista Maes

Depuis le 1er février 2018, Krista Maes est la nouvelle directrice des opérations de De Vlaamse Waterweg nv. Elles a fait des études de commerce et a débuté sa carrière professionnelle dans le monde financier. “Ma première découverte du pouvoir public flamand fut en 1999, lorsque l'on est passé d'une comptabilité de caisse à Orafin, un logiciel de comptabilité économique. En 2002, il y a eu une grosse réorganisation interne. Alors j'ai rejoint l'équipe du manager de changement au sein de la Mobilité et des Travaux publics, Leo Clinckers. En fait, ce fut mon premier pas en-dehors du secteur financier. J'ai été fascinée par l'aspect politique du job. Conséquence: en 2008, j'ai travaillé à Waterwegen en Zeekanaal au département Coordination, où tous les éléments politiques étaient coordonnés et préparés pour la direction et/ou le cabinet. En 2014, on m'a demandé de devenir conseillère Navigation intérieure et Logistique au cabinet du ministre flamand Ben Weyts. En étant confrontée chaque jour à l'aspect politique, je suis devenue encore plus fan de la navigation intérieure, tout comme mon ministre. Trois ans plus tard - à l'occasion de la fusion - la fonction de directrice des opérations était vacante et j'ai posé ma candidature. Depuis le 1er février, je suis donc de retour sans être jamais vraiment partie. Tous les éléments opérationnels qui doivent contribuer à concrétiser notre engagement à l'égard du ministre relèvent de ma compétence. Nous élaborons le programme d'investissement, nous en assurons l'exécution et le suivi. Nous formons un pont entre la réalisation et la politique et nous faisons des évaluations car la demande est toujours plus grande que le budget."

REHAUSSER LES PONTSSUR LE CANAL ALBERT

Verhogen bruggen AlbertkanaalUn bel exemple de projet d'infrastructure pour fluidifier la navigation intérieure en Flandre est le projet Seine-Escaut. “En gros, ce projet vise à relier Paris à Amsterdam via les eaux intérieures. Pour la Flandre, il est important de relier nos ports maritimes. Un deuxième projet est le rehaussement des ponts sur le Canal Albert. Une fois que tous les ponts seront rehaussés à 9.10 mètres, on pourra y faire passer des bateaux avec quatre couches de containers sur leur pont. En effet, en navigation intérieure, on recourt de plus en plus au transport de containers et nous souhaitons répondre à cette tendance. Comme pour le transport routier, nos voies navigables ont besoin de 'montées et de sorties'. Chez nous, il s'agit des murs de quai, des points de transbordement de l'eau à la rive et inversement."

BUDGET D'INVESTISSEMENT DE 220 MILLIONS D'EUROS

De Vlaamse Waterweg nv investit dans les travaux d'infrastructure et fait également des frais afin de rendre les voies navigables accessibles. “Cela nécessite non seulement des travaux de dragage mais aussi un entretien de notre patrimoine. Les travaux de dragage garantissent à nos clients le tirant d'eau des voies navigables. Les deux types d'investissement ne vont pas l'un sans l'autre et doivent être harmonisés. Investir dans une infrastructure sans entretenir les voies navigables mène à une dégradation du fonctionnement. Notre budget d'investissement total s'élève à 220 millions d'euros par an. L'intégralité de notre budget, y compris les coûts de personnel, est de 400 millions d'euros. Au total, nous employons 1.365 personnes. Comme il faut une étroite interaction avec les régions, nous disposons en plus de notre siège à Hasselt d'implantations à Willebroek, Merelbeke, Anvers, Bruxelles et Mol."

3,5 MILLIONS DE CAMIONS

Les chiffres de la navigation intérieure augmentent et les ambitions sont grandes. Au total, De Vlaamse Waterweg nv gère 1.076 kilomètres de voies d'eau navigables passant par 182 des 308 villes ou communes flamandes. “2017 fut déjà une année record, avec une augmentation de 6,5% par rapport à 2016. Le premier semestre de 2018 s'annonce particulièrement prometteur", déclare Krista Maes. “Nous enregistrons déjà une hausse de 6,3% dans le transport de containers par rapport à la même période l'an dernier. C'est une bonne évolution car chaque container transporté par bateau ne doit pas passer par notre réseau routier sursaturé. En 2017, 72 millions de tonnes de marchandises ont été transportés via la navigation intérieure, ce qui fait 3,5 millions de camions que nous avons pu retirer des routes flamandes. Le Bureau du plan estime que le secteur du transport va augmenter de 4,5% d'ici 2030. Avec la navigation intérieure, nous voulons faire mieux et progresser d'environ 70%. La part de marché totale de la navigation intérieure est actuellement de 15%. Le reste est détenu par le transport routier et ferroviaire. D'ici 2030, en tenant compte de la hausse dans le secteur, nous voulons atteindre une part de 20%."

BEAUCOUP DE CAPACITE INEXPLOITEE SUR LES RIVIERES ET LES CANAUX

Binnenvaart capaciteiten Dire que les routes flamandes sont sursaturées, c'est enfoncer une porte ouverte. Cela est-il également valable pour nos eaux intérieures? “Non, au contraire", répond Krista Maes. “Les rivières et les canaux flamands ont encore énormément de capacité inexploitée. C'est difficile à exprimer en chiffres mais beaucoup de nos investissements visent à pouvoir répondre à l'utilisation croissante des eaux intérieures attendue pour 2030. Il n'y a donc pas d'embouteillages sur l'eau. Toutefois, il convient de nuancer les choses. Comme nous ne manœuvrerons pas les ouvrages de génie civil les dimanches, il se peut que plusieurs bateaux doivent patienter au niveau d'une écluse jusqu'à ce qu'elle ouvre à nouveau le lundi matin. L'automatisation mentionnée plus haut ou la commande à distance doit résoudre ce problème. Evidemment, nous donnerons priorité à nos grands axes économiques."

“LE BATELIER N'EST PLUS UN ERMITE"

Une augmentation totale de 5% ne peut être réalisée qu'en fournissant les efforts (de marketing) nécessaires. “Pour atteindre cette hausse, il y a plusieurs aspects. D'une part, il y a les choses que nous avons nous-mêmes en main, comme p.ex. - on y revient! - l'automatisation de nos ouvrages de génie civil. Nous devons nous 'vendre' davantage. De Vlaamse Waterweg nv emploie plusieurs experts du transport qui étudient avec les entreprises la possibilité de recourir à la navigation intérieure dans leur processus d'exploitation. A côté de ça, nous investissons dans les terrains d'entreprise reliés à de l'eau. Troisièmement, il y a les campagnes de promotion classiques, même si j'ai l'impression qu'elles passent encore un peu à côté de leur objectif. Mais c'est une impression car ce genre de chose est difficile à chiffrer. D'autre part, nous devons soutenir le secteur au maximum. Si le secteur a besoin d'un nouveau type de bateau répondant à certaines demandes, nous devons l'aider. Harmoniser la réglementation, prévoir des zones de test, élaborer des mesures de soutien etc. Autrement dit, le secteur doit recevoir de notre part le signal que nous sommes prêts à le soutenir dans ses projets innovants. La Flandre dispose de nombreux petits cours d'eau, par exemple. Avec la flotte actuelle, nous ne pouvons pas tous les utiliser. Il faut donc innover dans le secteur pour pouvoir y remédier. Un autre aspect consiste à engager des jeunes dans le secteur. L'époque où un batelier passait sa vie sur son bateau comme un ermite est révolue. Aujourd'hui, il s'agit d'entrepreneurs qui pilotent un bateau et qui, après leur journée de travail, débarquent leur voiture pour rentrer chez eux. Une concertation et des initiatives avec nos collègues de l'enseignement sont donc nécessaires."

L'AUTOMATISATION COMME PRIORITE ABSOLUE

L'automatisation comme priorite absolueAvant que Krista Maes ne devienne directrice opérationnelle à De Vlaamse Waterweg nv, elle travaillait comme conseillère politique au cabinet du ministre flamand Ben Weyts (voir encadré). “La conséquence est que je peux collaborer à l'exécution des plans que j'ai aidé à élaborer sur le plan politique en tant que collaboratrice de cabinet. A l'époque, j'ai esquissé les grandes lignes. Maintenant, je m'occupe des détails au niveau de l'exécution. Et j'ai mes propres chevaux de bataille. Je tape souvent sur le même clou, notamment le fait que nous devons d'urgence dépoussiérer l'image de la navigation intérieure. Pour cela, nous devons mettre l'accent sur l'innovation au sens large du terme. Je parle de commande automatique et à distance des écluses. Pour cela, il faut des investissements importants dans les ouvrages de génie civil et dans la construction de centrales. Ici aussi, c'est une question de priorités. J'estime que nous aurons besoin de 15 ans pour automatiser tous les ouvrages de génie civil en Flandre. Nous devons aussi donner aux entreprises l'occasion de tester des techniques sur nos voies d'eau. Nous voulons p.ex. miser sur la navigation sans équipage et mettre nos voies d'eau à disposition à cet effet. En fait, les investissements dans l'infrastructure sont une condition nécessaire pour devenir une alternative valable au transport routier. Autrement dit, l'infrastructure est une condition pour pouvoir inspirer le secteur et innover."

DES CENTRALES CONSOLIDEES POUR PLUSIEURS CORRIDORS

Binnenvaart containers

“Etant donné le coût actuel du personnel, il n'est pas toujours possible de répondre aux besoins économiques. Ainsi, nous ne manœuvrons pas les écluses le dimanche, par exemple. Les bateliers restent donc amarrés jusqu'au lundi matin. Si nous pouvions automatiser les écluses, ce problème serait résolu et nous pourrions offrir à nos clients un service 24h/24, 7j/7." “Nous misons aussi sur des centrales consolidées pour pouvoir maîtriser certains coûts et ainsi pouvoir commander un ou plusieurs corridors. A côté de ça, nous disposons avec VisuRIS d'un service permettant de visualiser l'information relative aux rivières sur une carte, comme les temps de navigation, les hauteurs de ponts …
Cet instrument permet au batelier de déterminer son trajet de A à B mais son plus gros atout est qu'il est accessible aux acteurs logistiques pour vérifier quand arrivera un chargement."

DE PLUS EN PLUS IMPORTANT

Le secteur de la navigation intérieure est là depuis des siècles et il devient de plus en plus important dans la mobilité du futur. Ce secteur a lui-même subi d'importantes modifications dans le passé. “D'une part, on note une évolution vers des bateaux de plus en plus gros capables de transporter de plus en plus de containers. C'est pourquoi nous rehaussons tous les ponts sur le Canal Albert. D'autre part, nous observons des tendances dans le type de marchandises transportées. Autrefois, il s'agissait surtout de marchandises en vrac. Aujourd'hui, il s'agit davantage de marchandises sur palettes. L'élargissement de la palette d'applications permet de retirer encore plus de camions de la route." 

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