Protection incendie des façades : nouvelle réglementation
La résistance au feu étant une préoccupation essentielle pour les menuisiers et les constructeurs de façades en aluminium, la Fédération des constructeurs d'aluminium (FAC) a organisé une soirée à thème numérique sur ce sujet le 2 février 2021.

Sven Eeckhout, chef de projet senior au département Acoustique, Façades et Menuiserie du CSTC a expliqué les nouvelles réglementations belges à venir en matière de sécurité incendie des façades. Au lendemain de la catastrophe londonnienne de l'incendie de la tour Grenfell en 2017, le groupe de travail 'Façades', créé au sein du Conseil supérieur de la sécurité contre l'incendie et l'explosion, avait déjà formulé un certain nombre de propositions de modification de la réglementation. Le document a été approuvé dans le courant de l'année 2019. La publication de l'Arrêté Royal est prévue à l'automne 2021, avec pour objectif une entrée en vigueur au plus tard le 1er juillet 2022.
Nouvelles exigences en matière de sécurité incendie pour les façades
Les règles de sécurité incendie, reprises dans l'Arrêté Royal 'Normes de base en matière de prévention contre l'incendie et l' explosion' du 12 juillet 2012 (annexe (5/1)), reposent sur la classification européenne de réaction au feu qui indique comment un matériau contribue à la propagation d'un incendie. Les matériaux des classes A1 et A2 sont non combustibles, tandis que les matériaux de la classe F sont hautement combustibles. Le développement de la fumée (classe S) et la formation de gouttelettes (classe D) sont également pris en compte dans cette classification : un produit pratiquement non combustible qui répand beaucoup de fumée aura un score plus mauvais (donc un chiffre ou une lettre plus élevé dans le classification).

La réglementation existante n'impose pas d'exigences pour la classification de réaction au feu des bâtiments industriels ; elle exige que le revêtement de façade de bâtiments dits 'bas' satisfasse à la classe de réaction au feu D-s3,d1. Pour les bâtiments 'moyens' et 'élevés', la classe B-s3,d1 est d’application.
La version révisée de la réglementation prévoit principalement un renforcement en matière de propagation du feu par la surface de la façade pour les bâtiments de grande hauteur où les matériaux doivent être incombustibles. Les exigences imposées aux éléments essentiels du système de façade sont totalement nouvelles. Les exigences en matière de réaction au feu du revêtement (tableau A) et des éléments de façade (tableau B) devront être satisfaites en même temps.
Tableau A - Comportement au feu du revêtement de façade
dans les conditions d'utilisation finale
En ce qui concerne la classe de réaction au feu du revêtement (tableau A), la nouvelle réglementation pour les bâtiments bas fait une distinction entre trois types d'utilisateurs. Pour les bâtiments de faible hauteur dont les utilisateurs ne sont pas autonomes (par exemple, les centres de soins résidentiels), la classe C-s3, d1 est renforcée. Il n'y a pas de changement pour les bâtiments bas avec des utilisateurs autonomes. Les exigences relatives aux bâtiments de taille moyenne ne sont pas non plus modifiées. Pour les bâtiments élevés, en revanche, la nouvelle réglementation exige que le revêtement dans les 'conditions d'utilisation finale' soit incombustible, ce qui a évidemment un impact considérable sur le choix des matériaux.
Tableau B - Comportement au feu des éléments structurels d'une façade
Source : CSTC
La version révisée du règlement prévoit un régime plus strict en matière de propagation du feu à travers la surface de la façade, en particulier pour les bâtiments élevés dont les matériaux devront être incombustibles.
Pour les exigences de réaction au feu des éléments structurels (tableau B), la norme diffère selon la hauteur des bâtiments et la possibilité ou non de mettre les composants à l'abri du feu. Les exigences relatives aux éléments structurels sont définies pour chaque situation.
Pour les immeubles de moyenne et de grande hauteur, les éléments de façade doivent être incombustibles. Si des éléments combustibles sont utilisés dans la façade (classe de réaction au feu E ou supérieure), il convient d'opter pour l'un ou l'autre type de solutions et/ou pour une protection complète des éléments de la façade contre le feu, tant de l'intérieur que de l'extérieur. Cela signifie que les composants doivent être encapsulés de tous côtés. Cette protection doit être constituée d'un élément ayant une classe de protection contre l'incendie K2 30 ou une résistance au feu EI 30 pour les bâtiments élevés ; et d'un élément ayant une classe de protection contre l'incendie K2 10 ou une résistance au feu EI 15 pour les bâtiments moyens.
Les exigences du tableau B ne sont pas applicables si un rapport d'essai à grande échelle peut être soumis avec succès. Comme il n'existe pas encore de méthode d'essai européenne ni de test belge à grande échelle, le gouvernement a choisi d'autoriser les tests britannique BS, allemand DIN et français LEPIR avec leurs critères de performance correspondants.
Propagation de l'incendie entre les compartiments : pas de changement
Les mesures prévues dans les normes de base RD (§3.5 de l'AR Normes de base - Annexes 2/1, 3/1 et 4/1) pour prévenir ou retarder la propagation verticale ou horizontale du feu entre deux compartiments par la façade restent inchangées. Elle stipule que l'ancrage de l'ossature du mur-rideau à chaque niveau doit avoir une résistance au feu de 60 minutes, sauf lorsque le bâtiment est équipé d'un système d'extinction automatique. La position des ancrages de fixation (sous la dalle de sol, contre le côté ou au-dessus de la dalle de sol) détermine la protection supplémentaire requise pour répondre à cette exigence.

Pour empêcher la propagation du feu de l'intérieur - entre le plancher ou une paroi du compartiment et la façade - la liaison entre le plancher du compartiment et la façade ou entre la paroi du compartiment et la façade doit avoir une résistance au feu de EI (étanchéité à la flamme et isolation thermique) de 60 minutes pour tous les types de bâtiments.
Pour éviter la propagation d'un incendie extérieur entre deux compartiments, l'élément de façade doit présenter une certaine résistance au feu au niveau de chaque paroi de compartiment (par exemple le plancher). Pour les bâtiments bas (≤ 10 m), il n'y a pas d'exigences.
Pour limiter la propagation des incendies extérieurs dans les immeubles de moyenne et de grande hauteur, quatre options sont possibles :
- Un écran pare-flamme vertical E 60 d'une longueur développée minimale de 1 m ; une alternative est un rebord horizontal pare-flamme E 60 d'une longueur de 60 cm ;
- L'installation d'une façade avec un revêtement ignifuge 'intérieur/extérieur' E 30 sur toute la hauteur du bâtiment, par exemple à travers un verre résistant au feu ;
- L'installation d'une façade avec une étanchéité à la flamme E 60 toutes les deux couches du bâtiment ;
- Equipement de tous les compartiments le long de la façade avec un système d'extinction automatique.
Guide pratique pour une façade coupe-feu
Dans le courant de 2021, le CSTC prévoit la publication d'un document d'information technique qui apportera des réponses aux nombreuses questions posées par les constructeurs et entrepreneurs en aluminium concernant la sécurité incendie des façades et la mise en œuvre correcte de l'écran pare-flammes. Ce document vous sera proposé grâce au travail conjoint d'entrepreneurs, de membres et de partenaires de la FAC, du SPF Intérieur, de l'ISIB, de concepteurs, d'organismes de contrôle, etc. La publication reviendra sur la législation, sur les systèmes d'essai et de classification, et sur les directives de conception et d'installation, en particulier les solutions type techniques pour l'écran pare-flammes.
Vous pouvez en savoir plus sur ce sujet via ce lien!