Les solutions circulaires ne sont pas toujours respectueuses de l'environnement
L'analyse du cycle de vie fournit de nombreuses informations

Au cours des derniers mois, Buildwise a organisé une série de séminaires sur l'impact environnemental des solutions circulaires et biosourcées. Nous avons assisté à la session d'information sur la circularité, qui a utilisé quelques déclarations surprenantes pour montrer que les solutions circulaires ne sont pas nécessairement respectueuses de l'environnement. L'analyse du cycle de vie quantifie l'impact environnemental et fournit ainsi de nombreuses informations à ceux qui souhaitent améliorer la durabilité des projets de construction.
Empreinte du secteur de la construction
Comme chacun sait, le secteur de la construction a un impact majeur sur l'environnement et le climat. En effet, en Europe, il est responsable de 36% des émissions de CO2 dues à la consommation d'énergie dans les bâtiments; 50% de toutes les matières premières extraites dans le monde sont utilisées dans la construction et 33% de tous les déchets produits en Europe proviennent des bâtiments.
C'est pourquoi des objectifs ambitieux sont fixés pour réduire l'empreinte du secteur de la construction et diverses solutions de construction durable sont proposées. Mais de quoi s'agit-il? Comment évaluer l'impact environnemental des matériaux et des bâtiments? Et quel est l'impact environnemental d'une solution circulaire par rapport à une solution non circulaire?

Ces questions étaient au cœur du séminaire 'Milieu-impact van circulaire oplossingen' de Buildwise, qui s'adressait aux entrepreneurs, aux bureaux d'études, aux architectes, aux fabricants de matériaux et aux représentants des pouvoirs publics.
Construction durable et circulaire
Contrairement au modèle linéaire, dans lequel les matériaux sont extraits, produits, utilisés et jetés, la construction circulaire s'attache à préserver la valeur et à éviter les déchets, par exemple en réutilisant les matériaux de construction. Pour ce faire, il faut changer d'état d'esprit et considérer les bâtiments existants comme des banques de matériaux ('urban mining'), même si cela commence dès la phase de conception.

En effet, sous la devise 'Start with the end in mind', de nouvelles stratégies de conception font leur apparition. Il s'agit bien sûr du choix des matériaux (matériaux biosourcés, matériaux à contenu recyclé, matériaux réutilisés ou réutilisables), mais aussi de la prise en compte d'éventuels changements de fonction ultérieurs des bâtiments (DfC: Design for Change) et de leur démantèlement lors d'un tel changement de fonction ou à la fin de leur durée de vie (DfD: Design for Deconstruction).
Analyse du cycle de vie
Pour répondre à la question de savoir quel est exactement l'impact environnemental d'une solution spécifique, il existe l'analyse du cycle de vie (LCA). Cette technique de quantification prend en compte l'ensemble du cycle de vie – de la production à la fin de vie, en passant par la construction et l'utilisation – ainsi qu'une série de questions environnementales, pour aboutir à un résultat sans ambiguïté. Les normes européennes EN 15804+A2 et EN 15978 précisent comment réaliser une telle LCA de manière standardisée.

En outre, le 'Model D' fournit des informations supplémentaires sur le potentiel de réutilisation, de réparation ou de recyclabilité.
L'analyse du cycle de vie est une technique qui permet de quantifier l'impact environnemental d'une solution spécifique
Le score LCA ne donne pas d'indications sur la circularité d'un produit. Cependant, il est utile pour l'analyse ou l'optimisation, car il permet de voir où se situe l'impact principal. En outre, différents scénarios et alternatives peuvent être évalués à des fins de comparaison. Enfin, il permet également une communication objective, grâce à la fiche EPD (Environmental Product Declarations) normalisée.

Réutilisable vs. réutilisé
Par exemple, nous pouvons répondre à la question de savoir si, en termes d'impact sur l'environnement, il est préférable d'opter pour des matériaux réutilisables ou réutilisés, les deux offrant bien sûr des avantages en termes de durabilité.
Par exemple, dans le cas des matériaux réutilisables, il y a une réduction de l'impact en fin de vie dans le premier cycle de vie et une autre réduction possible dans le cycle suivant. Dans le cas des matériaux réutilisés, on élimine à nouveau toute la phase de production, puisqu'il n'est pas nécessaire de fabriquer de nouveaux produits. Cet impact sur la production est généralement beaucoup plus important que l'impact sur la fin de vie, c'est pourquoi il est préférable d'opter pour des matériaux réutilisés. En outre, on mise davantage sur les bénéfices que l'on peut réaliser aujourd'hui que sur les bénéfices futurs.
Les matériaux réutilisés sont manifestement la solution la plus circulaire, avec un double gain en termes d'impact: à la fois dans la phase de production et dans la phase de fin de vie.
IMPACT ENVIRONNEMENTal du béton
Le ciment de haut fourneau représente la plus grande part de l'impact environnemental du béton. Ainsi, si l'on veut maximiser les gains environnementaux, il vaut mieux miser sur le remplacement de ce ciment.

Le remplacement des granulats primaires par des granulats secondaires entraîne également des gains environnementaux, car il n'est alors plus nécessaire de tenir compte de l'impact de la production. Toutefois, ces gains ne se manifestent guère au niveau du béton, car les granulats ont déjà un impact limité dans l'ensemble. En outre, les granulats recyclés doivent également être transportés, de sorte que la distance de transport peut commencer à jouer un rôle important.
L'origine des matériaux est donc également importante. L'impact du transport n'est certainement pas négligeable dans la considération de la durabilité et peut annuler le gain environnemental du choix du matériau.
La circularité peut être un moyen de réduire l'impact sur l'environnement, mais n'est pas une garantie
Matériaux recyclables à l'infini
Dans un troisième exemple d'application, la question a été posée de savoir si les matériaux recyclables à l'infini, comme l'acier, ont un faible impact sur l'environnement. Il est évident qu'il y a là des gains énormes à faire au niveau de la production, mais il faut immédiatement tenir compte de la demande et de la disponibilité.
Dans l'exemple de l'acier, la demande est supérieure à l'offre de 'scrap steel'. Par conséquent, il faudra toujours produire de l'acier primaire et nous ne pourrons jamais passer à 100% d'acier recyclé au niveau du marché. En outre, même cet acier recyclé doit être refondu et transformé en nouveaux produits sidérurgiques. Bien qu'il s'agisse d'une matière première parfaitement circulaire, ce recyclage aura également un impact supplémentaire.
Il est donc surprenant de constater que nous ne pouvons pas simplement confirmer cette affirmation.
Part des connexions
Ensuite, la part des connexions au niveau des éléments de construction a également été examinée. Il en ressort qu'elles jouent également un rôle important dans l'impact global. Par exemple, le type de connexion peut avoir un effet sur les remplacements de composants et donc conduire à un impact plus élevé, ou simplement l'éviter.
Solutions démontables
Enfin, la question a été posée de savoir si les solutions démontables sont préférables si l'on veut réduire l'impact sur l'environnement. Cette question ne peut pas non plus recevoir de réponse catégorique.
Ainsi, l'exemple a été donné d'un projet de démonstration où l'utilisation de joints métalliques avec une structure en bois a entraîné un impact initial supplémentaire sur la production. Dans ce cas précis, il faudrait au moins deux réutilisations pour le compenser. Toutefois, ce n'est pas toujours le cas. Une réflexion appropriée au niveau des éléments et de la conception est nécessaire pour trouver une solution valable.
De même qu'il est préférable de miser sur les gains qui peuvent être réalisés immédiatement (en appliquant des solutions à faible impact), il faut éviter d'augmenter trop fortement l'impact aujourd'hui dans le but de réaliser des gains dans le futur (par exemple, grâce à des connexions démontables).
Conclusion
La construction circulaire est un modèle de production et de consommation dans lequel les matériaux et produits existants sont partagés, loués, réutilisés, réparés, remis à neuf et recyclés le plus longtemps possible pour créer plus de valeur. Toutefois, la circularité n'est pas synonyme de respect de l'environnement.

Pour évaluer correctement l'impact environnemental d'une solution circulaire, il faut procéder à une analyse du cycle de vie, qui prend en compte l'ensemble du cycle de vie et une série de questions environnementales.