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“NOUS DEVONS FAIRE PLUS POUR LA TRANSITION ENERGETIQUE”

L'ODE Vlaanderen critique l'accord de gouvernement flamand

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Jozefien Vanbecelaere, chargée de mission, et Bram Claeys, directeur général d'ODE Vlaanderen

L'organisation pour l'énergie durable en Flandre (ODE) poursuit un objectif clair: mettre un terme aux combustibles fossiles. Pour l'atteindre, elle réunit les autorités et le secteur de l'énergie durable autour de la table. “Nous pouvons apporter une contribution importante à la transition vers l'énergie durable”, déclare le directeur Bram Claeys, résumant ainsi la vision de l'ODE.
“D'ici 2050, nous voulons que toute notre énergie soit renouvelable, non seulement pour la production d'électricité mais aussi pour le chauffage, le transport et l'industrie.”

L'IMPORTANCE DES INSTALLATEURS

ODE Vlaanderen chapeaute cinq plate-formes technologiques actives autour des thèmes suivants: énergie solaire, énergie éolienne, énergie bio, pompes à chaleur et réseaux de chaleur. Notamment grâces aux primes et aux normes énergétiques, on constate un succès croissant des technologies comme les réseaux de chaleur, les chauffe-eau solaires et surtout les pompes à chaleur. C'est pourquoi l'organisation sectorielle travaille en étroite collaboration avec Techlink, une fédération professionnelle qui représente entre autres les installateurs de pompes à chaleur. “Grâce à cette collaboration structurelle, nous savons ce qui se passe dans le secteur des installateurs et nous connaissons les problèmes qu'ils rencontrent. Aujourd'hui, il y a une grosse pénurie d'installateurs qualifiés. Si nous voulons atteindre nos objectifs, par exemple en installant des pompes à chaleur en masse et en supprimant progressivement les combustibles fossiles, il faudra plus d'installateurs. C'est pourquoi nous avons développé avec Techlink et COGEN, l'organisation sectorielle pour la cogénération, une formation destinée à mieux informer les installateurs, non seulement afin qu'ils puissent installer des pompes à chaleur correctement mais aussi afin qu'ils soient capables de les vendre à leurs clients. Les installateurs peuvent ainsi jouer un rôle important dans la transition énergétique.”

MANQUE DE CONNAISSANCE

Mais le manque de connaissance ne se limite pas aux installateurs. “De manière générale, le secteur n'est pas encore suffisamment informé sur les ‘technologies moins connues’, comme les chauffe-eau solaires et les réseaux de chaleur. Il faudrait mieux former, informer et motiver les ingénieurs et les architectes. En cas de rénovation approfondie ou de nouvelle construction, l'architecte est la personne idéale pour convertir le client aux techniques d'énergie durable. Cela fait plusieurs années que nous essayons d'impliquer cette profession mais ce n'est pas toujours un succès.”

La bonne information

Il ne faut donc pas sous-estimer l'importance de chiffres corrects dans ce secteur, estime Claeys. “Il y a pas mal de mythes et de faux chiffres qui circulent. Récemment, j'ai entendu quelqu'un affirmer qu'une pompe à chaleur dégage plus de CO2 qu'une chaudière au gaz car elle nécessite de produire de l'électricité. C'est faux! Pour tordre le cou à ces fausses idées, nous essayons de diffuser parmi nos membres l'information la plus neutre et la plus objective possible, par exemple en transposant des décisions politiques en messages compréhensibles.” “Ainsi, les installateurs sont au courant des dernières évolutions et peuvent les transmettre à leurs clients. Récemment, nous avons développé un outil pour comparer différents systèmes de chauffage à plusieurs niveaux: émissions de CO2, économie d'énergie et coûts. Ainsi, tout le monde dans le secteur possède les mêmes chiffres corrects.”

Facilité d'installation

La formation et l'information sont importantes mais l'ODE veut aussi dissiper le mythe selon lequel les techniques d'énergie durable sont difficiles à installer. “Aujourd'hui, beaucoup d'installateurs pensent qu'une pompe à chaleur est trop complexe et qu'il vaut mieux ne pas s'y risquer”, dit Jozefien Vanbecelaere, chargée de mission à l'ODE Vlaanderen. “Nous voulons leur montrer que c'est faux. De plus, presque tous les fabricants proposent des solutions prêtes à l'emploi qui sont très faciles à installer.”

Pour l'ODE, la transition énergétique ne se limite pas aux formations et aux informations. Il s'agit aussi d'un changement de mentalité. Et celui-ci progresse petit à petit. “On voit de plus en plus de jeunes installateurs progressistes qui sont enthousiastes par rapport à la nouvelle technologie durable.” “Il est important de miser sur eux afin qu'ils puissent inspirer leurs collègues.”

“Il y aura toujours une certaine résistance face au changement mais ceux qui sont intéressés par les techniques de construction et qui veulent en faire leur carrière ont intérêt à miser sur l'efficacité énergétique, les bâtiments durables et les installations de pompe à chaleur”, dit Claeys. “Je pense que l'énergie durable constitue un secteur d'avenir et que nous n'en sommes qu'au tout début.”

"Il n'est pas logique que l'électricité, dont on attend beaucoup pour la transition énergétique, soit plus taxée que le gaz et le mazout"

DEPLACEMENT DES CHARGES

Mais même si l'installateur est convaincu par les sources d'énergie durable, c'est le client qui choisit son installation de chauffage. Souvent, ce dernier est rebuté par le prix élevé de certains systèmes d'énergie renouvelable. Selon Clayes et son équipe, une grosse partie de la solution réside dans un déplacement des charges, de l'électricité aux combustibles fossiles. “Il n'est pas logique que l'électricité, dont on attend beaucoup pour la transition énergétique, soit plus taxée que le gaz et le mazout”, dit Claeys. “De plus, nous avons calculé que ce déplacement des charges peut se faire sans augmenter la facture énergétique. Nous ne voulons pas compliquer les choses pour les gens qui ont déjà du mal à payer leur facture énergétique. Après ce glissement des charges, l'électricité coûterait moins cher tandis que le gaz naturel et le mazout deviendraient plus chers. Au bout du compte, cela reviendra au même. Les gens ne pourront plus remplacer leur chaudière au gaz qu'avec une chaudière plus durable leur permettant d'économiser de l'argent. C'est pourquoi ce déplacement des charges est essentiel. Techlink nous soutient sur ce point. Hélas, le nouveau gouvernement flamand n'en parle pas dans son accord.”

ACCORD DE GOUVERNEMENT

A partir de 2021, on ne pourra plus installer de chaudière au mazout lors d'une rénovation approfondie ou d'une nouvelle construction. Selon Claeys et Vanbecelaere, c'est une bonne chose mais en fait, c'était déjà le cas de facto. Chaque année, on n'installe que quelque milliers de chaudières au mazout. “Un point important est qu'à partir de 2021, une chaudière au mazout cassée ne pourra plus être remplacée s'il y a du gaz dans la rue. C'est nouveau. Notre défi consiste donc à faire en sorte que les gens n'optent pas pour une chaudière au gaz classique mais pour une solution plus durable.”

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Emissions de CO2 des systèmes de chauffage et d'eau chaude sanitaire (Source: Thermiek pour ODE 2019)

Cette transition constituera peut-être un plus gros défi. “Aujourd'hui, beaucoup de gens se rendent compte que le mazout n'est pas le combustible le plus respectueux de l'environnement mais ils pensent que le gaz est très bien. Nous devons communiquer qu'il existe de meilleures solutions. On doit pouvoir supprimer progressivement les chaudières au gaz d'ici 2030.”

La bonne application au bon endroit

Cette meilleure solution n'est pas forcément une pompe à chaleur. “Nous examinons les choses dans leur globalité: la meilleure application est celle utilisée là où elle convient le mieux. Par exemple, un réseau de chaleur peut constituer la meilleure solution dans le centre-ville alors que quelques kilomètres plus loin, les pompes à chaleur seront plus appropriées. Nous voulons surtout que les formes de chauffage traditionnelles disparaissent et que, en fonction de sa situation, le consommateur puisse choisir la solution la plus durable.”

“Nous devons convaincre les gens qu'une pompe à chaleur est respectueuse de l'environnement ET offre de nombreux avantages en termes de confort. Par exemple, le fait qu'une pompe à chaleur puisse aussi refroidir deviendra de plus en plus important. Nos maisons sont de mieux en mieux isolées si bien que le chauffage deviendra relativement moins important alors que l'eau chaude sanitaire et le refroidissement gagneront en importance. Du fait du changement climatique, les étés deviendront plus chauds et il y aura plus de vagues de chaleur. Cela joue en faveur de la pompe à chaleur.”

Législation

L'accord de gouvernement stipule également que la part minimum d'énergie renouvelable dans une construction neuve ou une rénovation approfondie doit augmenter.

“Beaucoup de gens installent quelques panneaux solaires pour atteindre cette part mais nous voulons aussi qu'ils investissent dans la chaleur verte. Peut-être est-ce même une idée pour imposer des objectifs distincts à l'électricité renouvelable et à la chaleur renouvelable. Notre législation à cet égard est déjà meilleure que celle de la plupart des Etats membres européens.”

Status quo

Il y a donc plusieurs points positifs dans l'accord de gouvernement mais la principale constatation est que le ‘business as usual’ continue. “On ne provoque pas de grands bouleversement, on ne fait guère plus que ce que l'on faisait ces dernières années”, dit Claeys. “Alors que nous devrions avoir une approche plus radicale. Même la Commission Européenne dit à la Belgique que nos efforts ne sont pas suffisants: notre part d'énergie renouvelable devrait être bien plus élevée. Idem pour la part de pompes à chaleur, de panneaux solaires et d'éoliennes visé par le gouvernement flamand. Elle représente la moitié de ce qui est possible selon les calculs du VITO, l'institution flamande pour la recherche technologique. Nous pouvons faire beaucoup plus. Mais le gouvernement flamand maintient le status quo.”

"Même la Commission Européenne dit à la Belgique que nos efforts ne sont pas suffisants: notre part d'énergie renouvelable devrait être bien plus élevée"

Occasion ratée

Comme la transition énergétique pourrait être accélérée par une vision et une réglementation claires, l'ODE estime que l'accord de gouvernement est une occasion manquée. “Bien sûr, nous visons dans un pays avec une charge fiscale énorme. Mais nous sommes convaincus qu'il est possible de passer à l'énergie renouvelable sans taper dans le portefeuille du citoyen. Parfois, on présente les choses plus sombres que ce qu'elles ne le sont. Nous ne pouvons pas faire comme si tout allait se faire tout seul et prétendre qu'il ne faudra pas d'investissements. Nous sommes à un moment où tout doit aller très vite. Et bien sûr, cela se remarquera. L'idée qu'on peut arriver à tout via une ‘conviction douce’, je n'y crois pas. C'est via des normes que nous réussirons notre transition énergétique. Autrefois, plusieurs transitions ont réussies de cette manière. Pensons à la transition des ampoules à incandescence aux lampes économiques et aux LED.”

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