“CHERCHER L'ESSENCE DE LA DEMANDE"
B-architecten: createur de plus-value pour l'espace public
Si ce que vous avez à dire, n'est pas plus beau que le silence, taisez-vous.' Tel est le point de départ de B-architecten pour tous ses projets, qu'il s'agisse d'une scénographie pour une représentation de théâtre ou d'un plan global d'urbanisation. “Nos projets marquent souvent un lieu de leur empreinte pendant plusieurs décennies. Ils ne doivent donc pas être dans le chemin. Pour cela, nous cherchons toujours l'essence de la demande. Et ici, il faut aussi oser remettre la demande en cause", déclare Sven Grooten, motivant la vision de B-architecten.
B-ARCHITECTEN EN BREF
B-architecten traduit la vision d'Evert Crols, Dirk Engelen et Sven Grooten de la collaboration entre architectes. Ils ont créé leur groupement d'architectes en 1997. Le cabinet se concentre sur un large spectre de marchés, de petits projets artistiques à des développements de zones à grande échelle en passant par des conceptions de bâtiments. B-architecten compte aujourd'hui 33 collaborateurs. Les 29 architectes et architectes d'intérieur sont soutenus par quatre collaborateurs administratifs (un directeur administratif, un responsable de la communication, un collaborateur logistique et une personne s'occupant à 100% de l'administration pour les adjudications par concours). En 2008, le trio a créé B-bis architecten avec un quatrième partenaire, Sebastiaan Leroy. Les sept architectes et architectes d'intérieur de B-bis architecten se concentrent sur les transformations privées, les rénovations et les agrandissements, et l'aménagement d'immeubles commerciaux, de bureaux, et la création de meubles.
POSER DES QUESTIONS
Cette année, cela fait près de vingt ans que B-architecten contribue à façonner notre espace et nos bâtiments publics (voir aussi encadré). L'approche du groupement d'architectes est plutôt atypique. Le résultat est souvent captivant et enrichissant, offrant ainsi une plus-value pour l'endroit. La clé réside dans la vision des concepteurs. Pour eux, rien n'est évident, pas même la demande dans un concours d'architecture. “Un travail de conception commence en posant des questions: que pouvons-nous représenter à cet endroit, qu'est-ce qui manque à cet endroit ou qu'est-ce qu'il y a, au contraire, en trop? Mais nous osons également nous demander si le client a bien posé la bonne question. Nous cherchons ainsi l'essence du lieu. C'est le seul moyen de proposer la réponse de conception la plus appropriée. C'est comme un mal de tête. On peut prendre un antidouleur qui calme la douleur. Mais un bon médecin cherche la cause et c'est exactement ainsi que nous considérons un travail de conception", débute Sven Grooten.
Un bel exemple de ce que peut donner ce questionnement poussé, est l'auvent créé par B-architecten sur la Sint-Bernardsesteenweg à Anvers. “La ville avait organisé un concours pour la conception d'une place entre le complexe commercial TIR et la rue de l'autre côté. Mais à nos yeux, il n'était pas possible de créer une place à cet endroit linéaire. En guise de contre-proposition, nous avons créé l'auvent. Cet élément architectural marque l'endroit. Au lieu d'une place, nous avons proposé un lieu. La structure de toit est un point iconique sur la chaussée. La structure est une traduction des lignes maîtresses se retrouvant
en partant d'une structure gaufrée
dans l'auvent. Tout le monde donne une propre interprétation et signification à cette structure de toit et c'est exactement l'essence de l'architecture: créer des constructions ou des stratégies qui continueront de surprendre les gens et ce, sans les imposer à l'environnement", affirme Sven Grooten.
OFFRIR UNE EXPERIENCE
C'est avec cette expérience des utilisateurs que l'architecture prend vie. B-architecten parvient à offrir cette expérience dans toute forme de projet. Le propre bureau a réuni le groupement d'architectes dans une ancienne taillerie de diamants à Borgerhout. La ville aurait voulu qu'une partie du grand bâtiment soit démolie. Les concepteurs ont tenu bon et ont réussi à convaincre ceux chargés d'octroyer les autorisations d'une réaffectation complète avec une nouvelle zone intérieure verte. Le rez-de-chaussée fait office de bureaux. Aux étages, les architectes ont créé dix-sept lofts. Aujourd'hui, les architectes et les occupants vivent en symbiose dans le complexe. Ils partagent le jardin intérieur et le week-end, les occupants peuvent aussi utiliser certains espaces du cabinet d'architectes. “Nous profitons, en bref, mutuellement de nos forces. Avec ce projet, nous montrons que de nouveaux modes de cohabitation en ville sont possibles. Comme les habitations sont de plus en plus petites et compactes, la ville a par ailleurs besoin de nouveaux espaces pour maintenir la qualité de vie et permettre la rencontre formelle et informelle."
Le plus grand salon du pays
“Telle a également été notre approche pour la transformation du Muntpunt à côté du Théâtre de la Monnaie de Bruxelles. Nous décrivons le projet comme le plus grand salon du pays. Nous avons détourné la demande d'une bibliothèque en une bibliothèque d'expérience. Outre les livres, le complexe de 10.000 m² offre des espaces pour se réunir, étudier et travailler à l'ordinateur. L'expérience et la rencontre y sont la valeur ajoutée aux livres. Le bâtiment est à présent très fréquenté six jours sur sept. Le succès est tel que même la chaîne de TV Bruzz y enregistre des talk-shows", raconte Sven Grooten. Le Muntpunt est une réaffectation de trois bâtiments: un immeuble de bureaux des années 70, un bâtiment du 19e siècle et un petit bâtiment intermédiaire avec peu de qualités architecturales. “Nous avons démoli ce dernier bâtiment et l'avons remplacé par un nouveau où nous avons organisé la circulation verticale. La hauteur libre limitée dans l'immeuble de bureaux et la capacité de charge utile limitée constituaient un défi. Cette dernière était de 300 kg/m², alors qu'il nous fallait 500 kg/m² pour supporter les livres. Nous avons résolu ce problème en sciant les dalles de sol sur les bords. Nous avons ainsi créé ouverture et luminosité. Au centre, nous avons retenu pour ainsi dire une 'tour à livres' pouvant être exploitée de manière optimale sans trop charger la fondation."
Le Muntpunt est un bel exemple de l'approche globale de B-architecten. Le groupement d'architectes a non seulement assuré la conception architecturale, mais également l'intérieur, le mobilier et la signalisation.
TRADITION = ESSENCE
Les projets de B-architecten sont parfois qualifiés de 'spectaculaires'. Les concepteurs eux-mêmes ne voient pas les choses ainsi. Ce n'est en tout cas pas leur but. “Nous considérons notre apport dans l'environnement comme élémentaire ou même traditionnel. La tradition, c'est perpétuer ce qui existe, en y ajoutant une nouvelle couche. Nous préparons ainsi le bâtiment ou l'environnement pour un nouveau futur. Et c'est justement l'essence de la conception d'un espace ou d'un bâtiment public", déclare Sven Grooten.
Dans le redéveloppement des alentours de la gare de Turnhout, B-architecten a ainsi dessiné un quartier avec quelque 110.000 m² de construction. Le plan global définit les nouveaux bâtiments de telle manière qu'il y ait une transition douce avec la construction environnante. Dans le nouveau quartier, on a bien réfléchi aux rapports
les utilisateurs doivent s'y sentir en sécurité
dans l'espace public. Au centre du nouveau quartier viendront trois grands bâtiments autour d'une nouvelle place. Un bâtiment abritera des bureaux, un deuxième sera un campus pour seniors et le troisième aura une fonction publique. Les habitations autour de ces bâtiments et en périphérie assurent avec leur hauteur la transition vers les bâtiments environnants.
A Tirlemont, les architectes ont coulé l'aspect du quartier Anemoon dans un plan de qualité de l'image. “Dans la zone, il y a de la place pour 250 habitations, de logements sociaux à des maisons isolées en passant par des appartements. Elles sont réparties en différentes zones avec chacune un cachet uniforme caractéristique. Dans cette optique, nous avons défini rigoureusement les règles du jeu. Cela va jusqu'à la hauteur des haies aux limites des parcelles. Dans ces limites, les propriétaires peuvent travailler avec leur architecte. Ces limites strictes sont nécessaires pour obtenir le résultat final visé", commente Sven Grooten.