COMMENT DOIS-JE PLACER UNE PORTE COUPE-FEU?

Le placement des portes coupe-feu demande une attention particulière. De petits détails d'exécution, tels qu'un un jeu exagéré du vantail de porte ou une étanchéité insuffisante entre le gros-œuvre et le cadre, peuvent en effet avoir une influence non négligeable sur la résistance au feu (et en particulier l'étanchéité aux flammes) de la porte in situ. 

 L'AR prescrit dès lors que "les portes coupe-feu doivent être placées selon les conditions de placement pour lesquelles elles ont obtenu leur classification en matière de résistance au feu". Cela signifie que le placeur est obligé légalement de suivre avec minutie les prescriptions liées au marquage CE (ou en son absence, jusqu'au 1/11/2019, reprises dans le
rapport d'essai, le rapport de classification ou l'agrément BENOR/ATG).

Etant donné qu'une classification de résistance au feu est toujours décernée à un ensemble de porte en principe, il s'agit du reste de dispositions pour le vantail de porte, l'encadrement, la quincaillerie … Cela est également le cas des vantaux de porte qui sont vendus séparément!

Il n'y a actuellement aucune obligation légale concernant le contrôle du placement par un organisme de contrôle agréé

Il convient également de souligner que les prescriptions concrètes sont entièrement propres à un produit et qu'elles peuvent donc être différentes d'un fabricant à l'autre mais aussi d'un produit à l'autre. En règle général, les mêmes points d'attention sont de rigueur, avec comme principal but de minimiser les ouvertures – par lesquelles les flammes ou les
gaz de fumée brûlants peuvent pénétrer dans un compartiment adjacent et donc propager les flammes. 

Contrôle des conditions de placement

Avant de pouvoir monter effectivement une porte coupe-feu, le placeur doit s'assurer que toutes les conditions pour un placement correct sont respectées et, concrètement, que le jeu du vantail de porte peut rester limité. L'état du mur et du sol sont ici déterminants:

• type de mur: S'agit-il d'un mur de maçonnerie ou d'une cloison légère?
• résistance au feu: La résistance au feu de la paroi est-elle conforme aux prescriptions?
• verticalité de l'ouverture de porte: Celle-ci ne s'écarte-t-elle pas trop?
• planéité et horizontalité du sol: L'état surfacique du sol et du revêtement de sol satisfait-il aux tolérances indiquées pour la planéité et l'horizontalité?

S'il apparaît que les aspects ci-dessus rendent impossible un placement conforme à la norme, le placeur doit tenir le maître d'ouvrage au courant et reporter le placement jusqu'à ce que les bonnes conditions soient respectées.

Placement du cadre fixe

Lors du placement du cadre fixe et de son ajustement au gros-œuvre, les points d'attention importants sont surtout la perpendicularité, la distance exigée par rapport au gros-œuvre et au matériau de remplissage. Si le menuisier achète seulement un vantail de porte au lieu de l'ensemble de porte, la fabrication correcte de l'encadrement s'y ajoute encore. Cette dernière doit se faire entièrement selon les prescriptions du fabricant.

• remplissage: Pour pouvoir prévoir une isolation suffisante, on conseille une distance de 10 à 30 mm entre le cadre et le gros-œuvre. Celle-ci est remplie de laine minérale, comprimée à 80 à 100 kg/m³. Si la distance entre le cadre et le gros-œuvre est insuffisante, la mousse PU retardatrice des flammes offre le plus souvent une solution, à condition d'être testée pour l'application.
• fixation: Les cadres en bois sont fixés au gros-œuvre de façon mécanique, avec une attention particulière pour l'emplacement des clous et des vis. Ceux-ci doivent être apposés à hauteur des organes de suspension et de rotation.
• perpendicularité: Lors du contrôle de la perpendicularité de l'encadrement, il est conseillé de limiter la perpendicularité à maximum +/- 1 mm, afin de ne pas dépasser à plus long terme le jeu maximal autorisé autour du vantail de porte (+/- 3 mm).

Montage de la quincaillerie

Toutes les particularités en matière de quincaillerie, dont le type, le nombre et la position des charnières, sont reprises dans les prescriptions du fabricant. D'autres perçages des vantaux de porte, par exemple pour un œil espion, un vitrage ou une grille, sont en principe prévues par le fabricant lui-même. Le menuisier ne peut les ajouter lui-même que dans des cas exceptionnels, le montage de ces éléments étant décrit de façon détaillée dans le rapport d'essai, le rapport de classification ou l'agrément BENOR/ATG.

Les exigences légales concernant la fréquence et le détail de l'entretien ou de l'inspection des portes coupe-feu selon les normes européennes doivent être reprises par les Etats membres dans leur propre réglementation

Autour des charnières, on n'applique pas de produit moussant en temps normal, mais bel et bien autour des serrures. Pour cela, il faut prévoir l'espace nécessaire.

Placement des vantaux de porte

Les prescriptions de placement déterminent de surcroît les jeux maximaux qui peuvent se produire autour du vantail de porte dans la pratique. En position fermée, ils ne peuvent en aucun cas être dépassés. Il s'agit du jeu entre le vantail de porte et l'encadrement d'une part et le vantail de porte et le sol d'autre part. Bien que le placeur ne soit pas responsable de l'évolution du jeu dans le temps, il est conseillé de prévoir lors du montage une réserve de 1 mm par rapport aux valeurs maximales autorisées.

QUE FAIRE APRES LE PLACEMENT?

Réception et contrôle

Aujourd'hui aucune obligation légale ne vise le contrôle du placement par un organisme de contrôle agréé à cet effet, quoi que ceci puisse bel et bien à nouveau être imposé ou demandé par le maître d'ouvrage. Si la porte est montée par un placeur agréé, le placement peut être considéré comme contrôlé. Quoi qu'il en soit, il est important de demander une réception provisoire aussitôt après le placement des portes coupe-feu. Ceci afin d'éviter des discussions ou problèmes ultérieurs (par exemple quand la porte subit des dégâts lors de travaux ultérieurs). Le placeur doit à ce moment-là délivrer une attestation de placement, dans laquelle sont décrites notamment les non-conformités, qui ne sont pas imputables au placeur. Les placeurs certifiés apposent aussi le label de l'organisme de certification sur la porte.

Entretien

Les prescriptions légales relatives à la fréquence et aux détails de l'entretien ou de l'inspection des portes coupe-feu doivent être reprises par les Etats-membres dans leurs exigences réglementaires selon les normes européennes. En Belgique, celles-ci ne sont déterminées que de façon limitée pour le moment, par exemple dans l'AR du 28 mars 2014 relatif à la prévention de l'incendie sur le lieu de travail et les prescriptions de la Région wallonne en matière de maisons de repos et de soins.

Dans d'autres cas, le placeur n'a en substance aucune obligation légale à ce propos et la responsabilité est assumée par le maître d'ouvrage. Etant donné que le caractère résistant au feu et le bon fonctionnement d'une porte peuvent également encore être affectés par de nombreuses circonstances après le placement, le CSTC conseille bel et bien d'attirer l'attention des maîtres d'ouvrage sur ce point et d'établir un programme d'entretien adapté, en conformité avec les directives reprises dans les STS 53.1 et TV 226. Un point d'attention crucial est en tout cas l'état des produits moussants. S'ils sont visibles, l'état peut être inspecté visuellement; si ce n'est pas le cas, la présence de taches d'humidité ou de dégâts à hauteur des côtés du vantail peuvent notamment indiquer une détérioration. Dans ce cas, la couche de mousse (ou la partie de porte concernée) doit être remplacée. Si d'autres dégâts se produisent, comme un bris de verre, le placeur doit d'abord s'informer auprès du fabricant s'il peut exécuter les réparations nécessaires.