"Les politiciens n’offrent aucune certitude, sur aucun plan"

en visite chez GROUP VHC

Le moins que l’on puisse dire de Wim Van Haute, gérant chez Group VHC, est qu’il est un homme d’opinions. Il donne son avis sans fard sur les politiciens actuels, sur les relations avec les salariés, sur les relations avec les clients, sur son refus résolu de participer aux commandes publiques … En résumé: sur trop de sujets pour être cités dans cette introduction. Ce fut un entretien passionnant, vous l’avez compris.

Que de ‘chouettes’ clients

Group VHC a été fondée en 1995 par Wim Van Haute et signifiait au début Van Haute Cooling. "Initialement nous étions surtout actifs dans le conditionnement d’air", raconte le gérant. "Dès le premier jour, nous nous sommes associés à Daikin. Nous avons grandi avec notre fournisseur et avons fait de la qualité un véritable thème."

"La croissance n’a toutefois jamais été un but en soi pour moi. La croissance n’intervient que quand l’entreprise et les travailleurs sont prêts. Si tel n’est pas le cas, nous ne grandissons pas. Notre business model ne consiste pas à à croître chaque année d’autant de pour cent. Mais nous voulons nous amuser et réaliser des projets plaisants pour de chouettes clients. Je ne peux pas assez insister sur ces ‘chouettes clients’. A mes yeux c’est simple: la vie est trop courte pour copiner avec des grincheux, et vraiment trop courte pour travailler pour eux. C’est pourquoi nous ne voulons jamais concourir pour les projets les meilleur marché, mais bel et bien les plus fous."

"La vie est trop courte pour copiner avec des grincheux, et vraiment trop courte pour travailler pour eux"

"La fierté professionnelle est la clé"

Travailler uniquement pour de chouettes clients, cela semble agréable mais est-ce aussi réaliste? "Les gens travaillent pour des gens", affirme Wim Van Haute. "On l’oublie souvent. La confiance est la base. Notre vision consiste à pouvoir encore regarder nos clients dans les yeux des décennies plus tard et à faire en sorte qu’ils nous envoient en tout cas leurs enfants sans réfléchir quand ils ont besoin d’une entreprise d’installation et pour y par­venir, il vous faut une fierté professionnelle. Si celle-ci est présente, le reste suit. Vous travaillez alors avec un matériel qualitatif, vous soignez vos salariés, vous achevez parfaitement un projet, etc. Ce sont toutes des conséquences logiques de la fierté professionnelle. Les chouettes clients sont les clients qui participent à ce récit, qui approuvent vos offres parce qu’ils sont convaincus d’être bien servis et non pas parce que vous êtes le moins cher ou que vous êtes établi par hasard dans le quartier. Je n’ai jamais estimé le chiffre d’affaires important. Ce qui compte, c’est la marge bénéficiaire et si vous vous êtes amusé avec un projet. Au final, une entreprise a les clients qu’elle mérite."

No-nonsense

Au fil des années et en raison de l’augmentation du nombre de projets, on a réparti les risques au sein du Group VHC. "En premier lieu, le chauffage, la ventilation et l’énergie renouvelable ont été repris dans la gamme, en plus du refroidissement", précise Wim Van Haute. "Par ailleurs, l’entretien d’installations existantes est de plus en plus important, à tel point que le service après-vente représente environ un tiers de notre chiffre d’affaires. Cela signifie que nous revenons très souvent chez nos clients. Et j’en reviens à mon dada: on revient volontiers chez de chouettes clients. Chaque entreprise a sa culture et son caractère. Nos project managers le ressentent aussitôt. Et vous savez alors si votre offre peut leur plaire. Vous avez des entreprises qui accordent une grande importance aux apparences mais cherchent toujours le moins cher et donc pas, par définition, le meilleur deal. Et vous en avez d’autres qui apprécient notre style no-nonsense et privilégient la qualité."

"La femme de ménage aussi importante que le chef de projet"

Si la croissance n’a jamais été un but en soi pour Wim Van Haute, sa société unipersonnelle a toutefois évolué vers une PME solide de 50 salariés. "50 travailleurs en 25 ans, cela peut être qualifié de ‘croissance organique’", constate-t-il. "Le marché a aussi évolué et nous suivons simplement cette évolution. Dans la vie, vous devez aussi avoir un peu de chance. Et une fois que quelqu’un est à bord, je veux qu’il soit heureux et content dans notre entreprise. Des salariés heureux induisent automatiquement des clients heureux. Nous essayons de les impliquer autant que possible dans de nombreux processus industriels. Chacun contribue à la participation bénéficiaire. Une femme de ménage est aussi importante qu’un chef de projet. On ne fait aucune différence. Chacun mérite le respect."

"Des salariés heureux induisent automatiquement des clients heureux. Nous essayons de les impliquer autant que possible dans de nombreux processus industriels"

pas de manque de personnel

Grâce à cette approche, il y a très peu de rotation du personnel chez Group VHC. "Je sais que de nombreux concullègues se plaignent haut et fort de ne pas trouver de nouveaux travailleurs mais chez nous, cela se passe bien, malgré notre localisation à Overijse. Ici nous sommes compressés entre Bruxelles, où l’on ne trouve plus de techniciens néerlandophones, la Wallonie et la Flandre."

"En soutenant de nombreuses associations dans la région et grâce aux projets réalisés, nous avons bâti une bonne réputation au fil des années. Entre-temps, il est reconnu que nous investissons beaucoup de temps dans notre personnel. Ici travaillent des boulangers, des plafonneurs et autres que nous recyclons en techniciens. Les travailleurs qui ont étudié pour être technicien frigoriste se comptent sur les doigts d’une main. Des individus qui ont envie de travailler et d’apprendre quelque chose de nouveau, nous en avons beaucoup. Et vous pouvez travailler avec de tels individus."

"les politiciens ne donnent aucune garantie aux entreprises"

Wim Van Haute ne fait pas de politique mais en a une opinion claire. "Les politiciens contemporains sont l’une de mes plus grandes frustrations. La façon de presser complètement et de traiter comme des vaches à lait les indépendants qui donnent le meilleur d’eux-mêmes jour et nuit est atroce. Je qualifie cela de pure maltraitance."

"Il est impossible de prendre des décisions stratégiques"

"Il n’y a plus la moindre certitude juridique. Un chef d’entreprise ne sait plus quelles décisions prendre en tant que bon père de famille pour faire prospérer son entreprise. Cela marche dans les deux sens: je dois déjà essayer de comprendre ce qui se passe et ensuite je dois essayer de donner une image positive à mes collaborateurs. J’ai des idées très claires sur l’énergie, sur le contact clientèle et sur la façon de traiter les gens. Mais prendre des décisions d’entreprise stratégiques sur base de la législation actuelle est peine perdue. Demain le terrain de jeu peut être totalement différent parce que les politiciens et politiciennes ont estimé nécessaires de modifier les règles du jeu."

"Il n’y a tout simplement aucune certitude sur aucun plan. Quelle direction prend notre mobilité? Comment évolue la négociation salariale? Les voitures utilitaires seront-elles lourdement imposées à l’avenir?"

Pas de responsabilité

"Il n’y a tout simplement aucune certitude sur aucun plan. Quelle direction prend notre mobilité? Comment évolue la négociation salariale? Les voitures utilitaires seront-elles lourdement imposées à l’avenir? Une taxe frappera-t-elle les véhicules électriques? Personne ne le sait et personne ne s’estime responsable. C’est encore le pire. Aujourd’hui vous êtes presque un gangster si vous roulez encore avec une voiture diesel alors que la science montre que les voitures diesel modernes polluent justement nettement moins. Il n’y a donc aucune politique."

Positivisme

"Je suis quelqu’un de très positif et dans le climat actuel, je dois vraiment veiller à ne pas perdre ce positivisme. Je constate aussi chez mes collaborateurs qu’il n’y a plus beaucoup d’élasticité. Ce sont des familles où les deux partenaires travaillent à l’extérieur et gagnent un salaire décent, qui possèdent au moins une voiture et qui, pourtant, ne conservent quasi rien à la fin du mois. Un pur scandale", conclut Wim Van Haute.

Clients à Wavre et Bruxelles

Les clients de Group VHC sont les particuliers et les entreprises. Pas les pouvoirs publics. "Je refuse résolument de participer à des procédures d’adjudication des nombreux pouvoirs publics que compte notre pays. Là, le prix est généralement le seul critère et nous savons que nous ne sommes pas les moins chers. Et nous ne voulons pas du tout l’être. C’est pourquoi nous n’avons aucune agréation pour exécuter les missions publiques. Ce marché ne m’intéresse pas. Nous réalisons un tiers de notre chiffre d’affaires dans les entretiens et le service après-vente. Le reste, ce sont les projets de rénovation ou de nouvelle construction. Essentiellement dans la région de Wavre et à Bruxelles. Nous sortons de ce périmètre uniquement à la demande des bons clients."

"Les clients sont francophones. Donc nous aussi"

La conséquence de notre zone d’action est qu’environ la moitié de nos clients est francophone. Bruxelles et sa périphérie est quasi francophone, nous ne devons pas tourner autour du pot. Et si nos clients parlent français, nous aussi. C’est aussi simple que cela. Bruxelles est un marché spécifique. Là, de très grands acteurs sont actifs, et ils éprouvent de grandes difficultés à attirer de bons salariés multilingues. Nos membres du personnel sont des Flamands qui parlent aussi français. Nous avons aussi deux salariés dont la langue maternelle est le français mais qui parlent aussi le néerlandais. La langue véhiculaire ici est donc le néerlandais mais chacun doit au moins être bilingue. Du reste, un bon Flamand est vite trilingue et cela fonctionne très bien."

"La climatisation et les panneaux solaires sont le mariage parfait"

Comme les maisons sont de mieux en mieux isolées aujourd’hui, le besoin de chauffage diminue. "En contrepartie, le besoin de sanitaire, de ventilation et de climatisation aug­mente à nouveau", affirme Wim Van Haute. "Aujourd’hui, les clients veulent un minimum d’interlocuteurs. S’ils trouvent une entreprise capable de réunir toutes les techniques, ils s’y associent. Et cela peut être Group VHC car nous avons étoffé peu à peu nos activités, ce qui nous permet de traiter toute la chaîne HVAC. Il faut admettre que la climatisation n’avait pas toujours bonne réputation sur le plan énergétique. Aujourd’hui, une installation de climatisation demande encore beaucoup d’énergie mais cela peut être entièrement résolu par la combinaison avec des panneaux solaires photovoltaïques. En effet, vous assurez une consommation directe de l’énergie produite. La climatisation est nécessaire lors de journées ensoleillées et chaudes, et c’est précisément à ce moment-là que les panneaux solaires produisent le plus d’électricité. Les deux installations sont donc complémentaires sur le plan énergétique."

Réfrigérants

"Et en matière de réfrigérants, je pense que nous entamons la dernière ligne droite vers des installations qui tournent entièrement sur CO₂ au lieu du R32. Combinez les deux et vous avez une belle installation écologique qui répond à une réelle exigence de confort."

Group VHC a des panneaux solaires dans sa gamme depuis 15 ans et n’a pas vraiment connu de creux lors de la disparition des certificats verts. "J’ai résolument préservé la petite taille de ce département de notre entreprise parce que je ne suis pas un grand fan des subsides. Un chef d’entreprise doit veiller à ce que les subsides soient une histoire finie. Ce fut le cas ici aussi. Lorsque le flux de subsides s’est tari et que le marché a connu des difficultés, nous n’en avons pas trop souffert."

"Bruxelles, notre champ d’action"

Un siège à la périphérie de Bruxelles et des chantiers dans Bruxelles-même: c’est chercher les problèmes (de mobilité). Mais Wim Van Haute en souffre peu, étonnamment. "Le plus souvent, nous partons à 6h30, si bien que nous arrivons à Bruxelles juste avant les files. Les plus longues files ne se situent pas à Bruxelles mais sur toutes les autoroutes vers Bruxelles et sur le Ring. Si nous devons emprunter une petite partie du Ring, c’est très limité et souvent il existe assez d’alternatives. Nos ouvriers connaissent Bruxelles sur le bout des doigts, si bien que la mobilité est plutôt un avantage qu’un inconvénient."

Contradictions flamand-wallon

La seule chose qui ne se produira jamais, c’est un déménagement de notre siège vers Bruxelles. Aucun technicien d’Overijse ou des environs ne veut travailler pour une société bruxelloise. Très bizarre. On veut travailler ici et sur les chantiers à Bruxelles mais pour l’une ou l’autre raison, il est important de pouvoir dire qu’ils travaillent pour une société flaman­de. En fait, je ne veux pas que cela devienne un point de litige car nous devons faire fi de ces contradictions flamand-wallon. Lorsque j’ai débuté en 1995, c’était encore violent, mais j’ai l’impression que cela ne joue plus autant. Pour nous, cela ne compte pas du tout. Nous avons été éduqué dans les deux langues et ne faisons pas de politique. Donc pas de problème."