LA COMPOSITION D'UN SYSTÈME D'EAU DE PLUIE
L'utilisation de l'eau de pluie dans la maison peut permettre de réaliser de sérieuses économies. Cependant, l'efficacité de l'installation dépend de sa construction et de son dimensionnement. Si vous voulez éviter les problèmes courants liés aux installations d'eau de pluie, vous devez tenir compte d'un certain nombre de points.
COLLECTE DE L'EAU DE PLUIE
Préfiltration
L'eau de pluie s'écoule du toit vers la citerne d'eau de pluie via les gouttières. Le législateur considère que tous les toits conviennent pour collecter l'eau de pluie. Dans la pratique toutefois, il semble que la qualité de l'eau de pluie sur les toits recouverts d'une couverture de bitume n'est pas suffisante (l'eau se décolore). Les toits de bitume libèrent une substance huileuse dans l'eau, qui est difficile à traiter. La pollution sur le toit est également lavée par l'eau de pluie. Idéalement, l'eau doit d'abord être filtrée par un filtre pour saletés grossières avant d'entrer dans la citerne d'eau de pluie. De cette manière, les dépôts sont minimisés.
Des exemples d'un tel filtre: un filtre de tuyau de descente dans le tuyau d'écoulement de la pluie, un filtre cyclonique, un filtre de réservoir, etc. Le filtre pour saletés grossières extrait de l'eau les résidus de feuilles, les petits cailloux, le sable et toute autre salissure de grand diamètre. Soit le filtre pour saletés grossières est autonettoyant et les feuilles ou le sable qui restent sur le filtre, sont rincés automatiquement vers le circuit d'eau de pluie par l'arrivée d'eau fraîche, soit le filtre n'est pas autonettoyant et doit être régulièrement nettoyé à la main.
On commet souvent l'erreur de mal dimensionner une citerne
citerne d'eau de pluie en béton ou plastique
Une erreur souvent commise avec les systèmes d'eau de pluie est que la citerne est mal dimensionnée. Une citerne trop petite se vide rapidement et n'a pas de marge de manœuvre pour faire face aux pénuries pendant les périodes de sécheresse. L'utilisateur final devra alors passer rapidement à l'eau de ville, ce qui entraînera bien sûr une perte d'économies. Une citerne trop grande sera non seulement plus chère, mais elle ne débordera jamais dans le réseau d'égouts. Il est toutefois recommandé d'effectuer ce débordement plusieurs fois par an, car il permet d'éliminer les impuretés flottantes et d'éviter les odeurs dues à la stagnation de l'eau.
Pour estimer la taille idéale d'une citerne d'eau de pluie en fonction de la surface de toit, la règle empirique suivante peut être adoptée: 50 l/m² de surface de toit évacuante (p.ex. pour une maison avec une surface de toit de 120 m², il vaut mieux choisir une citerne d'au moins 6.000 litres). Mais le volume de la citerne doit être proportionnel à la consommation. Pour les grands bâtiments tels que les écoles, on utilise une formule plus élaborée.
L'eau est acheminée dans la citerne au moyen d'un embout spécial afin d'éviter de remuer la saleté éventuelle dans le fond. La citerne doit toujours être pourvue d'un trop-plein pour évacuer l'eau excédentaire vers le circuit d'eau de pluie (EEP).
Le choix se porte sur une citerne en béton ou en plastique. Le béton est généralement choisi dans les nouvelles constructions. Les puits en béton conservent mieux l'eau. La paroi de béton possède aussi des propriétés légèrement filtrantes. Un puits en plastique est plus petit, moins lourd et donc mieux adapté à la rénovation.
Un contrôle de la citerne est rarement nécessaire mais peut être intéressant tous les 3 à 5 ans.
UTILISER L'EAU DE PLUIE
La pompe adéquate
Celui qui veut effectivement utiliser l'eau de pluie, doit raccorder sur la citerne une pompe opérationnelle qui aspire l'eau hors de la citerne et l'envoie vers les points de puisage. Si une conduite d'aspiration est raccordée sur la pompe, celle-ci est installée en position fixe, p.ex. à un demi-mètre du fond (ceci peut poser problème si la saleté s'accumule jusqu'à la hauteur de la conduite ou en cas de forte turbulence dans la citerne), ou dotée d'un flotteur qui flotte sur l'eau.
Le système de canalisation d'eau de pluie doit être complètement séparé du circuit d'eau potable
Le type de pompe le plus utilisé est la pompe centrifuge, déclinée en trois exécutions, le groupe hydrophore, la pompe sous pression et la pompe immergée. Dans la première et la seconde exécution, on parle de pompes d'aspiration. Les pompes d'aspiration sont placées au sec: soit dans la maison, soit dans l'abri de jardin ou une annexe. Une pompe immergée est installée dans le bas de la citerne et peut donc être perturbée par des impuretés sur le fond de la citerne. Pour y remédier, la pompe immergée peut être munie d'un tuyau d'aspiration avec flotteur. Le grand avantage d'une pompe immergée est qu'elle se trouve dans la citerne et qu'on ne subit pas de nuisances sonores dans la maison. Cet avantage est d'emblée aussi le désavantage en cas de complications (p.ex. une fuite), car le client constate moins vite les problèmes.
Lors du choix de la pompe, on doit aussi veiller à ce que celle-ci soit équipée d'une protection contre le fonctionnement à sec. Celle-ci évite d'endommager la pompe quand la citerne d'eau de pluie est vide. Il est également recommandé d'utiliser une buse de filtrage automatique à commande temporelle qui permet de rincer la pompe à intervalles réguliers. Selon les fabricants, il est préférable de prévoir un entretien annuel de la pompe.
Système de remplissage
On doit aussi envisager de compléter ou pas le système de pompe par un système de remplissage manuel ou automatique. En cas de plus longue période de sécheresse, il se peut que la citerne d'eau de pluie soit presque à sec. Les équipements qui fonctionnent à l'eau de pluie, ne reçoivent plus d'eau. Si ceci se produit, vous pouvez faire l'appoint dans la citerne avec de l'eau de distribution.
L'important est de faire l'appoint de façon correcte. Le remplissage ou la conversion se fait via un des systèmes ci-dessous:
1. Une pompe avec système de fonctionnement à sec sans réservoir d'eau de ville arrête de fonctionner si la pompe ne contient pas ou pas assez d'eau de pluie. Belgaqua prescrit que chaque pénétration d'eau de pluie dans le système de distribution est interdite, donc brancher le robinet de ville sur les conduites dans lesquelles s'écoule l'eau de pluie, n'est pas une option. La solution consiste à remplir la citerne d'eau de pluie avec de l'eau de ville jusqu'à un certain niveau, de façon manuelle ou automatique. Ces systèmes de remplissage doivent être agréés par Belgaqua (une séparation absolue entre l'eau de pluie et l'eau potable doit être respectée). Attention à ne pas laisser les systèmes de remplissage continuer de couler.
2. Une pompe avec réservoir d'eau de ville aspire directement l'eau de distribution via le réservoir d'eau de ville dans le cas d'un manque d'eau. Ceci se fait manuellement ou de façon semi-automatique via un robinet à trois voies (électrique sur un système automatique) sur le côté aspiration de la pompe (doit être agréée Belgaqua). L'eau de distribution n'est donc utilisée qu'en cas d'extrême urgence et remplir la citerne n'est pas nécessaire. Les versions automatiques ont un flotteur et une sonde dans le réservoir d'eau d'eau de pluie qui enclenche la pompe sur l'eau de ville si le niveau d'eau est insuffisant dans le réservoir d'eau de pluie. Si le flotteur ou la sonde signale que le niveau est redevenu suffisant dans le réservoir, la pompe repasse automatiquement à l'eau de pluie. Dans la pratique, il ne semble toutefois pas toujours possible de choisir la version automatique (certainement dans les rénovations), parce qu'un câble électrique doit être tiré jusqu'à la citerne d'eau de pluie. La version manuelle offre une bonne alternative pour adapter les installations existantes aux normes Belgaqua sans devoir consentir de gros frais.
Raccordements sur les points de puisage
Une fois entrée dans le bâtiment, l'eau de pluie est distribuée dans le bâtiment via un système de conduites. L'eau de pluie n'est jamais utilisée comme eau potable (l'eau de pluie est une eau non contrôlée dont la qualité est très peu fiable). Belgaqua prescrit de séparer entièrement le système de conduites d'eau de pluie du circuit d'eau potable (prescriptions Belgaqua). Cette stricte séparation n'est pas un problème si l'eau de pluie n'est utilisée que pour des applications d'eau froide comme le rinçage de la toilette, le nettoyage du sol, etc.
Quand le maître d'ouvrage désire aussi utiliser l'eau de pluie pour des applications sanitaires (p.ex. bain et douche), il est difficile de maintenir cette séparation. Une chaudière CC peut être alimentée en eau de pluie ou en eau de ville, mais pas par les deux. Dans une telle situation, on choisit d'engager deux chaudières (une pour le chauffage de l'eau de pluie au profit de la douche et du bain et une pour le chauffage de l'eau potable dans la cuisine et la salle de bains (pour se brosser les dents p.ex.)), ou on décide de raccorder toute l'installation intérieure à l'eau de pluie, à l'exception du robinet de cuisine et des robinets de lavabo de la salle de bains. Ces points de puisage sont pourvus d'un chauffe-eau séparé.
Post-traitement
Bien évidemment, la qualité de l'eau de pluie non traitée n'est pas suffisante pour se laver. Pour d'autres applications, un post-traitement de l'eau de pluie peut être conseillé (p.ex., le linge qui devient gris et sent le moisi). Le post-traitement approprié de l'eau de pluie est différent selon l'application de l'eau de pluie. Les filtres pour le post-traitement se situent dans la maison, comme première station après la pompe. Ce sont des solutions plug-and-play qui sont généralement suspendues dans le local technique.
