COMMENT (re)CONSTRUIRE DE MANIÈRE PLUS CIRCULAIRE AVEC DES OUTILS NUMÉRIQUES?
Le secteur de la construction est responsable d'un impact important sur l'environnement et le climat. Une (re)construction plus circulaire est donc le message. Comment les outils (smart building) numériques peuvent-ils rendre ce processus plus simple et plus efficace? C'est l'idée qui sous-tend le webinaire "Smart 4 Circular", organisé par le CSTC dans le cadre du service technologique C-Tech. Comment les technologies intelligentes et la saisie de données peuvent-elles servir de 'facilitateurs' pour rendre le secteur de la construction et les bâtiments utilisés plus circulaires ? Nous mettons en lumière quelques visions issues des différentes présentations.
POURQUOI la construction circulaire?
Florence Poncelet est active au sein du Laboratoire des solutions durables et circulaires du CSTC et a approfondi dans son introduction l'utilité de la (re)construction circulaire. En effet, le monde du bâtiment a un impact majeur sur l'environnement et le climat, a-t-elle déclaré. Une grande quantité de matières premières est utilisée et la (re)construction implique généralement une grande quantité de déchets.
Selon Poncelet, il faut donc accorder plus d'attention à l'utilisation efficace des matériaux. Cela vaut bien sûr pour la réutilisation, mais aussi pour la première utilisation. Aujourd'hui, 10 à 15% des matériaux de construction sont gaspillés.
Dans une économie circulaire, les bâtiments sont conçus pour être plus intelligents et plus flexibles, de sorte qu'ils ne doivent pas nécessairement être complètement démolis lorsqu'ils ne répondent plus aux besoins actuels. De cette façon, le cycle de vie est considérablement prolongé, nous réduisons l'utilisation de matières premières et la quantité de déchets est considérablement réduite.
Voir aussi l'événement sur la connaissance numérique Circular Building BuildUp
Comment l'"intelligence" peut-elle aider ?
Il est important de commencer par définir clairement le terme "intelligent". Selon Poncelet, le concept repose sur trois principes: les données et la compréhension, l'automatisation et l'interaction avec l'utilisateur.
Concrètement, un bâtiment intelligent est un bâtiment durable et performant sur le plan énergétique qui, grâce à une conception intelligente et à des systèmes connectés pertinents, peut être géré et utilisé efficacement. Il offre un confort et de nombreux services aux utilisateurs du bâtiment.
Dans la société actuelle, l'utilisation et les besoins des bâtiments évoluent rapidement. Il existe de nombreuses façons de réagir intelligemment à cette situation
La valeur ajoutée de l'approche 'intelligente' peut difficilement être sous-estimée. Dans la société actuelle, l'utilisation et les besoins des bâtiments évoluent rapidement. Il existe de nombreuses possibilités pour obtenir un bâtiment plus efficace et plus résilient.
Par exemple, la surveillance peut contribuer à une gestion et à une maintenance plus efficaces des installations existantes. En analysant les données relatives aux vibrations, à la consommation d'énergie, aux divergences, etc. d'une installation, il est possible d'intervenir avant que les choses ne tournent mal. Ainsi, le bâtiment est en meilleur état et peut être utilisé plus longtemps.
L'utilisation de l'espace peut également être rendue plus efficace grâce aux outils numériques. Les données de surveillance permettent de savoir quels espaces sont utilisés et quand. Sur la base de ces données, les possibilités d'optimisation de l'utilisation de l'espace peuvent être démontrées.
Utilisation intelligente des ressources: la technologie n'est pas le but recherché
Les ressources disponibles doivent également être utilisées intelligemment. Grâce à toutes sortes de capteurs intelligents, nous pouvons acquérir des connaissances non seulement sur l'état et la durée de vie des matériaux et des installations, mais aussi sur les incidents qui se produisent, le cycle de vie, etc.
Un simple exemple: une lampe a fonctionné pendant x nombre d'heures selon les données. Combien d'heures supplémentaires s'attend-on à ce qu'elle continue de fonctionner?
En résumé: les données et la connexion numérique peuvent créer une valeur ajoutée pour utiliser les bâtiments et les produits de construction plus longtemps, mais il est encore plus important d'utiliser une technologie pertinente. Les outils numériques sont - comme leur nom l'indique - des outils, et non une fin en soi.
le Chauffage en tant que service
Bart Vandenberghe, récemment PDG d'Itho Daalderop, a parlé de la complexité croissante et de la connectivité entre les systèmes dans les maisons. Selon Vandenberghe, un écosystème dans lequel toutes les installations sont en phase les unes avec les autres devient de plus en plus important dans les bâtiments. En outre, le profil des clients évolue très rapidement. Le consommateur d'énergie lambda est aujourd'hui plus "actif" et surveillera donc activement sa consommation (et sa production) d'énergie.
Une autre évolution est que les gens veulent réparer davantage de choses eux-mêmes, grâce, par exemple, à Dobbit TV ou aux cafés de réparation. Un consommateur fondera donc également son choix pour un appareil sur sa "réparabilité". Les exigences du client final n'ont donc pas du tout diminué. Une installation de chauffage ne doit pas seulement être économe en énergie, elle doit aussi pouvoir être connectée numériquement. Les entreprises ne peuvent donc pas se permettre d'être à la traîne et doivent engager des profils numériques.
Les modèles commerciaux seront également adaptés : les gens attendent davantage, ils veulent qu'on s'occupe d'eux. Le "chauffage en tant que service" est déjà une réalité chez Itho Daalderop aux Pays-Bas, où l'entreprise loue ses appareils au lieu de les vendre. Les clients finaux paient pour un climat intérieur confortable plutôt que pour une installation. Peut-être que nous emprunterons cette voie en Belgique également.
En savoir plus sur les "bâtiments intelligents en service".
Appareils circulaires
Selon Vandenberghe, la construction circulaire commence par la conception circulaire des appareils. Les différentes pompes à chaleur d'Itho Daalderop, par exemple, utilisent beaucoup de pièces identiques, de sorte que la liste des pièces de rechange est limitée. La démontabilité des équipements est également importante.
Grâce à la surveillance des équipements existants (pour les clients finaux qui en donnent l'autorisation), l'entreprise dispose en outre de nombreuses données pour affiner les systèmes. Pour Itho Daalderop, cependant, la surveillance est avant tout un moyen de garantir à l'utilisateur final que les systèmes fonctionnent toujours de manière optimale - l'essence du "chauffage en tant que service".
Le produit que les gens ont chez eux doit avant tout remplir sa fonction sans aucun souci pour une génération. L'utilisation de ces connaissances pour améliorer et affiner constamment les innovations futures n'arrive qu'en seconde position.
Les modèles d'entreprise seront également modifiés: les gens attendent plus, ils veulent être libérés de tout souci
Selon Vandenberghe, tout dépend d'un bon travail de conception: une bonne coordination, un verre à haut rendement, pas de surdimensionnement, une autoconsommation maximale, la récupération de la chaleur de l'eau de la douche ... Aujourd'hui, nous constatons une interaction croissante entre les fabricants, les installateurs et les distributeurs. Une raison de plus, selon Vandenberghe, pour travailler ensemble et trouver des solutions durables.
Sans oublier : les utilisateurs eux-mêmes
Et n'oublions pas : les utilisateurs eux-mêmes. Selon Vandenberghe, la communication avec les résidents est un élément crucial qui est encore trop souvent oublié. Le chauffage par le sol, par exemple, nécessite une approche différente de celle des radiateurs. Il est donc important de bien communiquer à ce sujet, afin que l'installation soit utilisée de manière optimale.
L'UTILITÉ DES CAPTEURS
Yves Van Ingelgem, PDG de Zensor, a parlé de l'utilité des capteurs. Son entreprise les utilise notamment pour analyser en profondeur le cycle de vie d'infrastructures telles que les ponts et les pistes cyclables. De cette manière, ces constructions peuvent non seulement être gérées plus intelligemment, mais aussi conçues plus intelligemment.
Dans le cas d'un pont en quatre parties destiné à la circulation des trains, par exemple, il est possible de mesurer la charge du pont et donc, entre autres, la vitesse à laquelle le métal se fatigue. Cela peut apporter une réponse à la question de savoir combien d'années supplémentaires le pont peut être utilisé avant l'apparition de fissures dangereuses. Avec cette réponse, des mesures peuvent être prises pour prolonger la durée de vie, comme renforcer la structure du pont ou limiter son utilisation.
Pyramide inversée
Zensor part toujours d'une pyramide inversée quand il s'agit de circularité. Tout d'abord, les déchets doivent être évités dès la phase de conception, grâce à une conception intelligente et à l'utilisation d'énergies renouvelables. Vous pouvez ensuite réduire les déchets en prolongeant la durée de vie des bâtiments et des infrastructures.
Ce n'est qu'une fois ces étapes franchies que nous pouvons commencer à parler de réutilisation des matériaux, et seulement ensuite de recyclage. La circularité n'est donc en aucun cas un synonyme de recyclage.
Conclusions
Les possibilités technologiques actuelles sont presque infinies. La façon dont vous les utilisez est donc plus importante que jamais. La technologie n'est pas un but, c'est un moyen. Si vous voulez utiliser une technologie, vous devez d'abord vous demander: quelle en sera l'utilisation désirée? Cette mesure est-elle bel et bien la bonne? Est-ce la seule chose que je puisse faire avec ces données, ou puis-je en tirer d'autres enseignements intéressants?
Il est également important de ne pas se concentrer sur un élément particulier, mais de toujours regarder l'ensemble du tableau.
Commencez à regarder le plus haut possible dans la pyramide. Il n'y a pas de "solution miracle". Afin d'atteindre une durabilité optimale, vous devez toujours travailler sur différents aspects.
