“CHAQUE PROJET D'ARCHITECTURE EST UN NOUVEAU voyage”
3ARCHITECTEN ABORDE L'ARCHITECTURE ETAPE PAR ETAPE
Plus on travaille intensément sur un projet, plus il devient bon. Barbara Ostyn (3architecten) est convaincue qu'une bonne architecture demande du temps. Elle commence donc chaque projet par une étude approfondie, à partir de laquelle le bâtiment n'émerge que progressivement. Mais il ne faut pas confondre ça avec de la lenteur! Plaidoyer pour le temps, le contexte et la communication.
Les missions complexes donnent des resultats passionnants
Cela fait quinze ans que les architectes Barbara Ostyn, Jan Tyvaert et Christophe Keirsbilck ont fondé ensemble 3architecten. Depuis, ils ont rassemblé une équipe de 25 à 30 personnes, renforcé leur point de départ à Roulers avec un bureau satellite à Gand et développé un portefeuille qui s'étend de l'axe Bruges-Roulers-Courtrai jusqu'à Bruxelles et à la Côte, allant des maisons unifamiliales au plus grand complexe de bien-être privé d'Europe. “Notre portefeuille est très varié”, déclare Barbara Ostyn. “Nous ne nous sommes jamais fixés sur une niche spécifique. En effet, ce qui nous intéresse, ce n'est pas la nature ou l’ampleur du projet, c'est la valeur ajoutée que nous pouvons y apporter.”
”Un architecte ne peut pas etre juste un architecte. Il doit aussi etre sociologue, psychologue, philosophe, chef d'equipe etc.”
plus c'est difficile, plus on aime
Cela se traduit par une prédilection pour les projets que d'autres auraient peut-être tendance à bouder. “Nous ne sommes pas nécessairement enthousiastes face à un projet isolé qui doit juste répondre aux prescriptions classiques”, déclare Ostyn.
“Mais confrontez-nous à un site problématique avec des riverains qui s'expriment, des exigences et des intérêts conflictuels, et nous sommes aux anges. Car c'est ça qui est passionnant. Cela oblige à discuter et à négocier avec les riverains, la ville, les services … Bien sûr, c'est parfois frustrant et chronophage – à Courtrai nous travaillons depuis 2012 sur un projet de développement du centre-ville sur l'ancien site de Bruynooghe’s Koffie – mais au final, cela donne un projet qui est très ancré dans son environnement. Plus longtemps on travaille sur un projet, plus on remarque les défauts des premières ébauches et plus le résultat est bon.”
Waer Waters - Des relations clients dans la durée
En 2012, le complexe de bien-être Waer Waters a ouvert ses portes à Grand-Bigard.
Malgré une superficie de 6.000 m² et une situation proche de l'E40 et de la périphérie bruxelloise, 3architecten est parvenu à créer une oasis de calme et d'intimité. En effet, ce bâtiment se niche dans le paysage vallonné, ce qui permet de préserver le caractère intime du programme.
Les infrastructures extérieures, entourées par le bâtiment d'un côté et par le paysage de l'autre côté, offrent le confort nécessaire. Le choix de matériaux durables et naturels, dont de la pierre bleue de récupération et le barnwood provenant de granges canadiennes et américaines, souligne le sentiment de sérénité. Plus encore, le projet a donné lieu à un long flux de missions. Depuis, on a fait appel à 3architecten pour agrandir le complexe (la surface totale a doublé), on a ajouté au portefeuille un hôtel et un club de sport et le maître d'ouvrage a également fait appel au bureau pour d'autres projets.
“Ce genre de relation clients sur le long terme est une bénédiction”, dit Ostyn. “Non seulement parce que cela montre que le client a confiance en nous mais aussi parce que nous apprenons à le connaître de mieux en mieux et que les projets sont alors meilleurs. C'est une excellente caisse de résonance.”
stimuler sans forcer
“Un architecte ne peut pas être juste un architecte”, dit Ostyn. “Il doit aussi être sociologue, psychologue, philosophe, chef d'équipe etc. Il doit découvrir comment se présentent l'environnement et le contexte social, comment le maître d'ouvrage fonctionne, comment sa vie ou son entreprise va évoluer … Mêmes les gens avec un profil apparemment similaire ont souvent un mode de fonctionnement différent. Si le client est un couple de vingtenaires très diplômés, on peut aussi bien avoir affaire à des dingues de sport qu'à des casaniers aspirant à une vie de famille classique. Et cela entraîne des formes de logement différentes.”
“Le défi consiste à déterminer ce que le maître d'ouvrage ignore encore lui-même et à l'intégrer dans le projet. Sans rien imposer – cette idée de l'architecture est dépassée – mais plutôt en stimulant.”
Reconversion de l'église Sint-Jozef - Réflexion circulaire
A Roulers, dans son port d'attache, 3architecten transforme l'église Sint-Jozef désacralisée en un immeuble de bureaux. La nef deviendra un espace ouvert pour les formations et les réunions; dans les allées latérales, on aménagera des toilettes et des salles de réunion plus intimes; les bureaux seront répartis sur deux étages dans le transept. Trois côtés de l'église, auparavant fermée, seront ouverts et vitrés afin d'offrir une vue vers et depuis le quartier environnant. Toutefois, le langage des formes reste serein et le mobilier d'origine de l'église sera réutilisé autant que possible pour meubler les bureaux et les salles de réunion. Afin de renforcer le lien avec le quartier, un projet sera réalisé autour de l'église, avec un espace pour le sport et d'autres fonctions publiques.
Après la réalisation, le cabinet d'architectes s'installera dans le bâtiment. “Apparemment, c'est dans nos habitudes de nous installer dans de vieux bâtiments”, dit Ostyn. En effet, le siège social est aujourd'hui situé au dernier étage d'un ancien garage, et à Gand, 3 architectes occupent un espace dans l'usine Eskimo. L'église s'inscrit également dans cet esprit. “Nous nous demandons dans quelle mesure on peut encore se profiler en tant qu'architecte avec un nouveau bâtiment, aujourd'hui. Les exigences et les techniques évoluent si rapidement que chaque bâtiment que l'on construit est déjà dépassé après quelques années seulement en termes de durabilité. L'idée de réutilisation et de circularité est profondément ancrée dans notre ADN.”
“De plus, ce projet nous permet de montrer notre engagement social. En effet, nous nous concentrons explicitement sur un double usage, basé sur le contexte urbain dans lequel se situe le projet. En substance, un bureau n'est utilisé que 50% de l'année. Alors nous mettons l'ensemble de la nef à la disposition de diverses initiatives sociales en dehors des heures de bureau. Pour ce faire, la flexibilité nécessaire a été incorporée dans la conception.”
la conception est une recherche
Des petites étapes pour un rendement élevé
Chaque projet commence par une recherche. Ou plutôt, chaque projet est une recherche. “Il ne suffit pas de discuter une fois avec le client et de l'inviter trois mois plus tard pour lui présenter l'intégralité du projet. Cela doit être un dialogue constant, où l'on implique le client à chaque étape du processus. On appelle ça la caisse de résonance. Nous nous voyons comme des régisseurs du voyage: nous organisons régulièrement des concertations avec le maître d'ouvrage, parfois trois fois par semaine, après quoi nous élaborons un petit aspect du projet. Cela semble inefficace mais cela entraîne une certaine rapidité dans notre processus. Je suis convaincue que notre rendement serait encore meilleur si nous discutions encore plus souvent avec le client. En effet, nous éliminerions beaucoup de travail superflu. S'il s'avère à un certain moment que quelque chose n'est pas bon, il ne faut reculer que d'un pas au lieu de revoir l'intégralité du projet.”
”C'est absurde de devoir vendre au client de beaux rendus et de belles images en 3D des le premier jour. Nous, nous ne jouons pas a ça mais c'est une attitude que nous ne pouvons nous permettre que maintenant”
Destination inconnue
“Ce qui est bien avec cette approche, c'est qu'on ne sait jamais à l'avance sur quoi cela va déboucher. Peut-être est-ce aussi l'une des raisons pour lesquelles 3architecten n'a pas qu'un seul style visuel. Nous partageons plusieurs convictions essentielles – mettant à l'honneur la lumière, l'expérience et le lien avec l'environnement extérieur – mais il n'y a pas de postulat esthétique central. Si mon dossier est repris à mi-parcours par l'un de mes associés, le résultat final sera totalement différent visuellement. Toutefois, il aura les mêmes qualités car il reposera sur la même approche.”
“Pour les maîtres d'ouvrage, cette incertitude est difficile. Aujourd'hui, dans notre métier, on doit pouvoir vendre au client de beaux rendus et de belles images en 3D dès le premier jour. En fait, c'est absurde car on consacre alors énormément d'énergie dans un projet pour faire ses preuves et le véritable travail de recherche ne commence qu'après. Nous, nous ne jouons pas à ça. Nous estimons que le client doit avoir confiance en notre approche. Car même s'il ne sait pas exactement à quoi ressemblera le résultat, il sait que celui-ci sera fondé. Ceci dit, c'est une attitude que nous ne pouvons nous permettre que maintenant, après quinze ans d'expérience et de réputation. ”
Engagement
Aucune discussion concernant les honoraires
Outre de la confiance, 3architecten attend de sa clientèle un certain engagement. “Notre méthode de travail demande à nos clients d'y consacrer beaucoup de temps et nous attendons expressément qu'ils nous accordent ce temps”, déclare Ostyn. “Ainsi, nous pouvons fournir le meilleur travail possible et eux, ils comprennent pourquoi notre travail nécessite autant de temps et de recherche. Si nous faisons travailler notre personnel pendant un mois et qu'à l'issue de ces trente jours, le client voit juste une feuille de papier … il ne saura pas d'où ça vient ni pourquoi il paie autant d'honoraires. En revanche, si on l'implique directement dans l'ensemble du processus, il y a nettement moins de discussions. Beaucoup de clients savent que ça fonctionne aujourd'hui et ils sont donc prêts à nous consacrer ce temps.”
Investir dans le savoir-faire
Enfin, on attend aussi quelque chose de la part des collaborateurs. “Nous voulons qu'ils aient tous l'ADN de 3architecten. Non pas en l'imposant mais en faisant d'eux un élément essentiel de cet ADN. C'est pourquoi nous travaillons selon une structure horizontale et un système de responsabilités. Il y a tellement de lois et de règles aujourd’hui qu'une seule personne ne peut pas détenir toute cette connaissance. Un bureau avec un seul architecte aura du mal à survivre. Nous, nous avons une équipe au sein de laquelle une personne est responsable de la sécurité incendie, une autre de l'acoustique, une autre de la PEB, une autre de l'accessibilité … Nous attendons qu'elles suivent des formations chaque mois autour de ce thème et conseillent leurs collègues dans leur domaine. Même si tout le monde a ses propres projets, notre personnel est impliqué dans chaque projet de 3architecten et il y a un dialogue constant. Cela profite au projet et favorise l'ambiance de travail. La plupart des gens restent longtemps ici. Les investissements dans notre personnel sont payants. En quinze ans, nous sommes devenus une équipe mature.”
B’eau Kouter - Développement du centre-ville & participation des riverains
Sur l'une des places les plus emblématiques du centre-ville de Gand, 3architecten réalise en collaboration avec le promoteur Granit Group un complexe comprenant diverses unités d'habitation, des bureaux, des espaces commerciaux et un jardin intérieur. Un projet qui doit tenir compte de diverses conditions préalables en matière d'architecture et d'urbanisme. Du côté du Kouter, les façades historiques des bâtiments adjacents déterminent les conditions historiques pour la construction du nouveau bâtiment; à l'arrière, le long du Ketelvaart, il doit être relié au mur du quai et à deux voisins très différents.
En utilisant la pierre naturelle comme matériau de façade et en adaptant la répartition des fenêtres au rythme des façades existantes, 3architecten transpose le caractère du Kouter en un design contemporain. La verdure et la lumière sont introduites dans le contexte urbain par l'arrière du complexe.
“Nous croyons fermement à ce type de développement des centres-villes où différentes fonctions se rejoignent”, déclare Ostyn, “et nous constatons que les villes se concentrent également davantage sur le renforcement du noyau central. D'ailleurs, elles insistent de plus en plus sur l'importance de la participation des quartiers. On ne peut pas soumettre facilement un projet qui n'est pas soutenu par le quartier. Nous pensons que c'est une bonne chose, même si cela peut parfois mener trop loin. Les projets de participation de quartier doivent être bien encadrés, sinon ils risquent de s'enliser dans toutes sortes de soucis personnels.”
