DE NOMBREUSES OPPORTUNITÉS POUR L’INDUSTRIALISATION DE LA CONSTRUCTION DANS LE SECTEUR DE LA SANTÉ
Ceux qui sont flexibles, marqueront des points dans les années à venir
Des coûts minimaux et une réception selon les accords sont le plus souvent les exigences principales du secteur complet dans les projets de construction et de rénovation dans les soins de santé. Hélas, ce sont précisément deux points pour lesquels l’erreur peut se produire dans une approche classique. Les entrepreneurs et autres partenaires de construction qui jouent résolument la carte de l’industrialisation et choisissent des techniques et processus novateurs, pourraient se la couler douce à l’avenir. Du moins, si les maîtres de l’ouvrage osent réfléchir ‘out of the box’.
Pour sécuriser le haut niveau de nos soins de santé à l’avenir, l’actuelle vague de construction et de rénovation dans ce secteur continuera encore quelques années. 3E a mené une étude auprès d’un nombre représentatif de parties intéressées pour vérifier si l’industrialisation de la construction peut offrir une plus-value dans ces projets. “Qu’il s’agisse de grands ou petits instituts, dans les soins des malades ou des personnes âgées, privés ou publics, conservateurs ou progressistes: les réponses étaient similaires”, raconte Joerie Alderweireldt, Senior Consultant chez 3E et partenaire du projet Industrialisation de la construction. “Intéressant est le fait que tout le secteur vise un coût de construction aussi bas que possible afin de conserver un budget maximal pour la partie opérationnelle. Tous les acteurs affirment que les prestations de soins doivent être bonnes; le bâtiment n’est qu’un des ‘outils’ pour le réaliser. D’où le fait que le soumissionnaire avec le prix le plus bas reçoit souvent la mission. Un phénomène qui est encore renforcé dans le secteur public ces derniers temps par la diminution des subsides. Avec un tel raisonnement, les maîtres de l’ouvrage négligent toutefois de nombreuses opportunités: des chances, des possibilités et une valeur ajoutée qui sont surtout créées par de nouvelles techniques et processus.”

L’APPROCHE TRADITIONNELLE A SES LIMITES
Au départ de la réflexion que l’on doit construire et rénover le moins cher possible, les projets dans le secteur de la santé sont le plus souvent abordés de façon traditionnelle. Un architecte dessine le concept et fixe le planning en concertation avec le maître de l’ouvrage, puis les entrepreneurs peuvent s’inscrire au dossier d’adjudication. Une fois que les travaux ont débuté, il arrive trop souvent que les ralentissements s’accumulent. Ceci provient notamment du fait que des aspects sont négligés dans les cahiers des charges. Songez à une protection bien élaborée de la zone pour les résidents déments. Financer ceci sans augmenter le budget octroyé exige dans cette phase d’économiser sur quelque chose d’autre. Et cela peut bel et bien avoir un effet sur le fonctionnement opérationnel. Pour donner un exemple: on décide de supprimer l’un des ascenseurs, ce qui fait en pratique que cela dure nettement plus longtemps pour amener tous les patients en chaise roulante vers la salle de détente. Lorsqu’on rompt avec l’approche traditionnelle et qu’on travaille en équipe de construction, de tels problèmes sont exclus. Ceci explique que de nombreux décideurs dans le secteur de la santé s’intéressent à ce principe.
EQUIPES DE CONSTRUCTION: LA CLÉ DU SUCCÈS
Travailler en équipe de construction signifie que toutes les parties concernées collaborent et échangent le savoir-faire dès le tout début: architecte, ingénieurs, entrepreneurs, bureaux d’énergie, fournisseurs importants, ... “Mais le maître de l’ouvrage est également impliqué étroitement dans tout dès le début”, précise Joerie Alderweireldt. “En réunissant toutes les connaissances, on conçoit un bâtiment qui répond réellement aux besoins des résidents. Avec un coût réel, parce qu’on ne doit pas effectuer des estimations: l’entrepreneur peut directement indiquer l’impact prix d’un choix à table. Ce faisant, on évite que l’architecte doit à nouveau dessiner une partie après l’adjudication, ce qui conduit également à des ralentissements, parce que le coût s’est révélé être plus élevé qu’estimé.”
INFLUENCE POSITIVE SUR LES COÛTS OPÉRATIONNELS
Le plus important est que le travail en équipe de construction peut aussi réduire les coûts opérationnels. Joerie Alderweireldt explique: “Nous songeons par exemple à l’implémentation du chauffage et du refroidissement économes en énergie, comme les pompes à chaleur géothermiques. Une solution qui, du reste, est énormément intéressante pour quasi tous les instituts de soins. Naturellement, ceci entraînera un supplément initial, mais celui-ci se récupère en quelques années. Mais il existe encore d’autres optimisations dans la construction qui profiteront plus tard à l’opérationnel. Songez aux salles de bains préfabriquées, aux portes standard, à un flux bien pensé, ce qui réduit les distances pour le personnel, …”

PORTE OUVERTE POUR DES OPPORTUNITÉS D’AFFAIRES

Dès que les maîtres de l’ouvrage dans le secteur des soins comprennent qu’un investissement supplémentaire dans la phase de construction profite à l’exploitation ultérieure, des portes s’ouvrent pour divers acteurs dans le secteur de la construction en termes d’opportunités d’affaires. Joerie Alderweireldt explique: “Le financement sous forme de leasing est un tel exemple. Si l’investissement supplémentaire pour un système durable constitue un obstacle dans la budgétisation, le leasing des systèmes de production pour le chauffage et le refroidissement peut offrir une solution. En effet, cette formule permet de limiter le coût initial et de profiter toutefois de la performance accrue. Mais nous pouvons même penser au leasing de parois, car la flexibilité en termes d’aménagement semble être un sujet dans ce secteur. Pour attirer les résidents, certains centres de repos et de soins prévoient par exemple des services supplémentaires, comme un salon de coiffure ou une pédicure. Mais ceci ne se passe pas sans un travail de démolition. Ce qui est maintenant aménagé comme chambre, devrait pouvoir être aisément transformé en une autre pièce. Les besoins dans le secteur des soins et les attentes des individus évoluent, certainement dans ce monde où tout change à un rythme effréné. Hélas, une telle flexibilité reste rare dans les dossiers de construction. Quiconque arrive avec une alternative innovante et abordable, peut certainement engranger de beaux résultats dans les prochaines années dans ce secteur.”
DEMANDE DE DÉLAIS DE MISE EN ŒUVRE STRICTS

Des études montrent que le secteur de la santé n’est pas tellement demandeur d’une réception (nettement) plus rapide des projets de construction. Mais la date butoir doit bel et bien être respectée. “Des raisons financières sont à la base de nombreuses frustrations associées à une réception tardive”, raconte Joerie Alderweireldt. “Les emprunts doivent être remboursés sans disposer de revenus. Dans les projets publics s’ajoute encore l’indexation: on paie vite quelques dizaines de milliers d’euros de plus que ce qui est prévu initialement, et ce sont des factures pour lesquelles aucun subside n’est perçu. De plus, un personnel qui ne peut pas travailler, est déjà engagé. En résumé, il est crucial de respecter le délai de mise en œuvre. Un objectif qui peut être atteint par le travail LEAN, la maîtrise du processus, le BIM, le préfabriqué, ... Dans le cadre de l’industrialisation de la construction, il existe en effet des manières pour construire ou rénover de façon plus efficace.”
ENCORE QUELQUES OBSTACLES À ÉLIMINER
La conclusion est que l’industrialisation de la construction et des concepts novateurs offrent bel et bien une réponse aux différents besoins préoccupants des instituts de soins. Hélas, il ne suffit pas d’informer le secteur de façon théorique et pragmatique sur les nombreuses possibilités, bien que ceci aide bel et bien naturellement. Il en faut davantage. “Les architectes et les entrepreneurs doivent aussi s’ouvrir aux nouvelles méthodes et processus de travail”, conclut Joerie Alderweireldt. “S’engager pour travailler de façon constructive en équipe de construction peut déjà être un pas dans la bonne direction.”