EQUIPE DE CONSTRUCTION ET BIM: UNE COMBINAISON GAGNANTE!
CONSTRUCTION PLUS EFFICACE ET MOINS CHERE AVEC LE BIM 
Un projet qui change de propriétaire avant le début des travaux, n’est généralement pas un cadeau pour l’entrepreneur. Toutefois, il existe des exceptions à cette règle, comme la Residentie Mercator à Ostende. Bien qu’Orpea ait souhaité de nombreuses adaptations au concept original, Ibens est parvenu à réaliser l’imposante nouvelle construction en à peine vingt mois calendrier et dans le budget initial. Les armes secrètes? Une approche en équipe de construction, un BIM pointu et l’engagement maximal dans le travail intégré dans une chaîne et la préfabrication.
Avec 84 chambres et 43 résidences-services, Residentie Mercator à Ostende est l’un des plus grands centres de repos et de soins de la région. Quatre volumes sont reliés transversalement via des espaces communs transparents. L’architecture dynamique à trois étages, un jeu de terrasses intérieures et extérieures ainsi que des façades de verre en combinaison avec la brique rouge résulte dans un centre de repos et de soins où il est agréable de séjourner, à la fois pour les occupants et pour les visiteurs. “L’instigateur est une société d’investissement qui a vendu tout le projet à Orpea après l’obtention du permis de bâtir”, confie l’architecte Serge Lefevere, CEO de Detoo Architects. “De nouveaux patrons, cela signifie de nouvelles lois, également pour nous en tant que bureau d’architectes. Chez Orpea, le confort, la dignité, la personnalité et le maintien de l’autonomie sont centraux. Et ceci se reflète dans l’architecture et l’aménagement des centres de repos et de soins. Chez ce spécialiste des soins, il est habituel que tous les occupants mangent ensemble dans le restaurant. L’entrée est aménagée comme une réception d’hôtel et la cafétéria est un endroit ouvert et agréable où chacun se sent le bienvenu.”
LES CHANGEMENTS NE SONT PAS UNE CHARGE
Le concept d’Orpea s’écarte donc quelque peu de ce dont nous avons l’habitude dans les centres de repos et de soins classiques. La conséquence était que de nombreuses adaptations devaient se produire sur le concept original. L’architecte Serge Lefevere: “Toutefois, nous n’avons pas expérimenté cela comme une charge supplémentaire, parce qu’Orpea choisit résolument de travailler avec une équipe de construction en combinaison avec le BIM. Ceci permet de prendre des décisions réfléchies de façon rapide et efficace, encore avant de démarrer la construction effective. Le temps que nous consacrons avec l’équipe de construction à discuter, peaufiner et adapter le concept, est largement récupéré pendant la réalisation. Simplement parce qu’on ne doit plus improviser sur le chantier.”


Toujours le bon coût
Un atout supplémentaire de Residentie Mercator était que l’entrepreneur principal est familiarisé avec les équipes de construction et le BIM. “Nous suivons cette voie depuis 2005”, précise Herman Bernaerts, administrateur délégué d’Ibens. “Nous qualifions cela de Design & Build ou Engineering & Build: un contrat intégré avec une obligation de résultat, ce qui préserve le maître de l’ouvrage des discussions entre les parties participantes. C’est une collaboration en confiance que le BIM (modélisation des informations de la construction) instaure comme fondement.” L’architecte Lefevere poursuit: “Le projet est initié par un concept 3D à partir duquel sont directement générées les quantités, une par une, le métré donc. Dans une première phase, ceci permet de visualiser en détail l’aspect du bâtiment et l’impact des adaptations. Toutefois, c’est également un outil très intéressant pour calculer automatiquement le coût correct. Tout ce qui est repris dans le dessin 3D, est repris dans le calcul. Du reste, ici joue aussi la force de l’équipe de construction. Il y aura toujours quelqu’un pour remarquer qu’une porte manque quelque part, par exemple. Lorsque ceci est adapté dans le modèle 3D, le coût est aussi ajusté de façon automatique. Ceci exclut les erreurs, si bien que toutes les parties savent quelle est leur position financière. Et en tant qu’architecte, nous gagnons beaucoup de temps, parce que nous ne devons plus effectuer des estimations.”
INCONTOURNABLE EN COMBINAISON AVEC LE PRÉFABRIQUÉ

L’une des raisons pour lesquelles Ibens ne jure que par le Design & Build en combinaison avec le BIM, est le choix délibéré d’utiliser au maximum des éléments de béton préfabriqué dans le gros œuvre. “C’est une forme d’industrialisation de la construction qui permet de travailler de façon plus rapide et plus qualitative”, explique Herman Bernaerts. “Comme tout est préfabriqué, il est absolument indispensable de disposer des bonnes dimensions. Ceci explique que nous peaufinons le BIM en un modèle d’exécution qui est en fait une copie digitale exacte de ce que nous voulons construire physiquement. En d’autres termes: c’est un modèle ‘as built’ qui comprend aussi des fenêtres et portes, des parois, des techniques, des matériaux de finition, … Une bonne chose est que ce modèle garde sa valeur après la réception. En effet, les facility managers peuvent compléter par des informations sur les installations et les matériaux, les manuels, les plannings pour la maintenance préventive, … C’est une donnée énormément intéressante, certainement dans le cas d’Orpea, qui compte des dizaines de centres de repos et de soins rien qu’en Belgique. Hélas, une telle approche de chaîne intégrale avec le BIM n’en est encore qu’à ses balbutiements. Mais ce qui n’existe pas, peut encore arriver. D’après moi, cette méthode de travail sera plutôt la règle que l’exception dans cinq ans.”
CONSTRUIRE 5% MOINS CHER!
Last but not least, BIM permet à Ibens de travailler LEAN. “Le principal avantage est que les phases de construction ne doivent plus se suivre”, explique Herman Bernaerts. “En fait, il s’agit de travailler verticalement au lieu d’horizontalement: nous coupons le bâtiment en morceaux et achevons ces volumes dans la hauteur. Alors que la menuiserie et les techniques sont installées dans une aile, nous achevons par exemple le gros œuvre dans l’aile deux et coulons la fondation dans l’aile trois. La ‘découpe en morceaux‘ est possible grâce au modèle BIM: toutes les mesures sont connues à l’avance, ce qui permet par exemple de fabriquer la menuiserie déjà pendant la construction. Mais également parce que le BIM autorise de meilleurs accords et plannings. Le résultat est que nous gagnons de 20 à 30% sur le délai de construction, également parce que les coûts d’échec baissent d’environ 65%. Même quand nous tenons compte d’un supplément de 3 à 5% pour un BIM détaillé, le prix total est en moyenne 5% inférieur. Et en théorie, nous pouvons encore atteindre des scores bien meilleurs. Du moins si le secteur de la construction suit la même voie que celui suivi par l’industrie manufacturière avec le CAO/FAO. Lorsque les données du BIM alimentent la production, par exemple comme input pour les machines qui fabriquent des éléments préfabriqués ou des imprimantes 3D, nous pouvons procéder à une réelle industrialisation de la construction. Cela procure un gain considérable pour toutes les parties: maître de l’ouvrage, entrepreneurs, facility managers.”

