Durcat, une success story qui se poursuit
De larges heures d'ouverture, un vaste assortiment et un sourire chaleureux: la formule gagnante depuis 30 ans
Alors que la plupart des librairies belges luttent pour garder la tête hors de l'eau et que nombre d'entre elles sont même contraintes de mettre la clé sous le paillasson, la librairie-papeterie Durcat à Wemmel se porte de mieux en mieux chaque année. Mais pour parvenir à ce succès croissant, les gérants Patrick De Smet et Christine Van Holderbeke doivent travailler très dur et renoncer à beaucoup de choses. De plus, ils ont subi pas moins de 5 (!) cambriolages.
Debout à 2 heures du matin
L'histoire professionnelle de Patrick De Smet et Christine Van Holderbeke commence à Sint-Amandsberg (Gand), où la librairie de l'époque était aussi associée à une distribution journalière de journaux. "Nous avions trois enfants et ma femme et moi allions nous coucher à 20 heures", commence Patrick. "A 2 heures du matin, nous étions déjà debout pour nous occuper de la distribution des journaux et pour ouvrir le magasin. Au bout de 15 ans, nous nous sommes dit que ça ne pouvait plus durer car nous allions rapidement être obligés de nous coucher plus tôt que nos enfants!"
Le couple s'est donc mis à la recherche d'une librairie sans tournée et avec un bon chiffre d'affaires. C'est ainsi qu'ils se sont retrouvés en 1994 à la Dokter H. Folletlaan à Wemmel.
"Je ne voulais plus de tournée de journaux parce que les éditeurs de journaux avaient créé dans les années '80 leur propre société de distribution, qui a été vendue par la suite à bpost, de sorte que ce n'était plus rentable. Ce fut le début de la concurrence déloyale. Je pense qu'il faut absolument rappeler aux gens cette situation scandaleuse", déclare Patrick. "Après toutes ces années, je ne l'ai toujours pas digérée."
Chiffre d'affaires doublé
Le déménagement à Wemmel s'est avéré judicieux, car le chiffre d'affaires a immédiatement doublé. En effet, la Dr. H. Folletlaan est une voie d'accès importante pour de nombreux navetteurs qui se rendent à Bruxelles. La première librairie que le couple a reprise à Wemmel était située un peu plus loin dans la rue actuelle. "Ce magasin avait une surface d'exploitation de 120 m²", explique Christine. "Le magasin actuel, que nous avons acheté il y a neuf ans, a une superficie de 260 m²."
Une décision judicieuse, car les ventes du magasin augmentaient à vue d'œil.
Titres de presse internationaux
Alors que Christine et Patrick vendaient d'énormes piles de journaux à leurs débuts, il n'en vendent plus aujourd'hui que de petites quantités, achetées principalement par des personnes âgées. En revanche, les magazines se portent très bien, avec environ 2.000 titres différents dans l'assortiment. "Nous pensons qu'il est important de proposer un large éventail de journaux et de magazines internationaux, car de nombreux étrangers vivent ici", explique Patrick. "En fin de compte, ce sont nos clients qui décident des titres que nous proposons ou non dans la gamme. Par conséquent, si un titre manque à l'appel, nous nous faisons un plaisir de le chercher pour le client. Ce sont surtout les ventes de magazines spécialisés, tels que les magazines informatiques, qui continuent d'augmenter."
Diversification
Papeterie
Outre les produits habituels des marchands de journaux, tels que les quotidiens, les magazines et les produits du tabac (y compris les produits de vapotage et le CBD), Durcat propose également une large gamme de produits de papeterie.
"Nous sommes les seuls à proposer ça dans la région", explique Christine. "L'ancien propriétaire nous a imposé deux choses: continuer à vendre de la papeterie et ne jamais changer le nom de Durcat. En effet, la papeterie représente la moitié de nos bénéfices. Et la région compte de nombreux établissements d'enseignement, bureaux et entreprises horeca. Bien sûr, c'est au mois de septembre que les ventes de fournitures scolaires et de bureau atteignent leur apogée mais elles sont également soutenues tout au long de l'année. Il est frappant de constater qu'à l'heure de l'informatique et de la communication électronique, de nombreuses personnes aiment encore écrire dans un beau cahier avec un joli stylo à bille ou à plume. Cette tendance est appelée à se poursuivre, notamment parce que les fabricants misent intelligemment sur ce marché en proposant des designs et des couleurs attrayants."
"Il est frappant de constater qu'à l'heure de l'informatique et de la communication électronique, de nombreuses personnes aiment encore écrire dans un beau cahier avec un joli stylo à bille ou à plume"
Livres
Alors que la plupart des librairies belges luttent pour garder la tête hors de l'eau et que nombre d'entre elles sont même contraintes de mettre la clé sous le paillasson, la librairie-papeterie Durcat à Wemmel se porte de mieux en mieux chaque année.
Le secret de la réussite réside donc dans une diversification réfléchie des produits. Et si un produit ne marche pas (aussi bien qu'on l'espérait), il est immédiatement abandonné pour essayer un autre type de produit. Et si ce dernier s'avère concluant, il reste dans l'assortiment fixe du magasin.
"Nous n'avons pas d'explication à ce succès" affirment les gérants. "Mais une gamme étendue et très diversifiée y contribue certainement". Il y a aussi une grande partie de la population qui n'adhère pas aux publications en ligne. Nombreux sont ceux qui recherchent des titres qui les intéressent sur Internet mais qui préfèrent ensuite commander leurs livres chez nous et venir les chercher physiquement."
Les clients de Durcat ont beau rechercher les livres qui les intéressent en ligne, c'est chez Patrick et Christine qu'ils les commandent et qu'ils viennent les chercher physiquement
Cartes de vœux et lampes parfumées
Durcat est également très populaire pour sa vaste gamme de cartes de vœux, disponibles aussi bien en néerlandais qu'en français.
"Les recharges pour les lampes parfumées affichent une bonne rotation", précise Christine. "Les amateurs aiment revenir pour racheter le même parfum ou simplement pour en essayer un autre. Les lampes parfumées proprement dites sont principalement achetées comme cadeaux à l'occasion d'un anniversaire, de Noël, de la fête des mères..."
En outre, le magasin propose également du papier cadeau, des livres de poche, des paquets...
"De nombreuses personnes apprécient de flâner à leur aise dans notre librairie pendant une demi-heure ou plus, afin de tout regarder tranquillement. Cela ne nous pose aucun problème bien sûr, car nous sommes de toute façon présents dans le magasin. Parfois, le client achète plus que ce qu'il est venu chercher, parfois il n'achète rien du tout. Cela n'a pas d'importance. Outre une gamme de produits large et variée, il est également crucial d'être toujours aimable, serviable et d'offrir un bon service."
"Nombreux sont ceux qui recherchent des titres qui les intéressent sur internet mais qui préfèrent ensuite commander leurs livres chez nous et venir les chercher physiquement"
Patrick: "En parlant d'internet, Durcat n'a pas de site web, ni de page sur les réseaux sociaux. Mais le magasin est suffisamment connu, même sans présence en ligne. D'ailleurs, quand trouverions-nous le temps de travailler à un site web? Si les gens souhaitent quelque chose, ils sont toujours les bienvenus. Nous faisons de notre mieux pour aider tout le monde."
Cigares
Y a-t-il des articles qui ne se vendent absolument pas? Patrick et Christine se regardent en riant. "Les glaces!", répondent-ils en chœur. "Elles n'ont guère eu de succès, de même que le café et les sandwichs. En effet, pour proposer des produits alimentaires frais, il faut répondre à un tout un tas d'exigences... Nous avons vite arrêté, car l'espace du magasin est limité et cher. Plus tard, nous avons installé un grand humidor avec des cigares de qualité. Ceux-ci marchent du tonnerre."
Christine: "Il faut se diversifier; il arrive qu'un certain produit ne se vende pas du tout alors qu'un autre se vend comme des petits pains. Il faut offrir ce que le client veut."
"Il m'arrive parfois d'acheter un peu trop de stock parce que je ne veux décevoir personne", reprend Patrick. "Mais ensuite, si le produit ne se vend pas aussi bien que prévu, il est hélas difficile de s'en débarrasser. Bah, c'est les risques du métier, je suppose."
Pas de paris sportifs
Dans la catégorie des paris sportifs, Durcat ne propose que 'Scooore'. Il s'agit d'un choix délibéré. "Nous avons décidé de ne pas étendre cette offre, car nous préférons éviter que des joueurs traînent dans le magasin toute la journée. Je n'imagine pas cet endroit devenir une agence de paris sportifs", déclare Christine. "D'autant qu'il y a beaucoup d'enfants qui viennent ici."
Retraite
Il est frappant de constater à quel point Christine et Patrick gèrent leur magasin avec passion. Malgré cinq cambriolages. "Bah, quel commerce n'a jamais été cambriolé?", relativise le patron. "D'accord, c'est arrivé cinq fois chez nous, mais sur une période de 45 ans."
On est donc choqué d'apprendre que ce commerce à succès est à reprendre. "Bien sûr, dit Christine, c'est notre bébé et ça fera très bizarre de voir d'autres personnes derrière le comptoir. Les rares moments où je suis seule dans la boutique, on me dit souvent que mon mari est unique en son genre et que si nous vendons le magasin, il n'y aura jamais de deuxième Patrick!"
"Nous ne sommes pas pressés, mais mon mari a 63 ans, alors... Nous ne pouvons pas non plus laisser l'affaire à nos enfants, car ils ont tous les trois fait des études universitaires et ils ont de bons emplois. Et puis, ils savent combien d'heures nous passons dans le magasin chaque jour. La librairie est toujours ouverte, nous ne sommes jamais partis en vacances et je serai heureuse de passer du temps avec nos enfants et nos petits-enfants. Nous restons vivre dans cette région puisque nos trois enfants y habitent, tout comme nos petits-enfants dont le sixième est en route."
"Je ne sais pas encore ce que je ferai après ma retraite. Comme je n'aime pas rester les bras croisés, je vais m'inscrire comme flexijobber, j'imagine...", s'amuse Patrick.
En novembre, cela fera 30 ans que Durcat est tenu par Christine et Patrick, mais il n'y aura pas de publicité à ce sujet. "La plupart des clients ne le savent pas et cela ne nous fait ni chaud ni froid", note Patrick avec détachement.
Le saviez-vous?
Le nom Durcat est connu de tous à Wemmel, Merchtem, Wolvertem, etc. Patrick et Christine sont connus sous le nom de Monsieur et Madame Durcat, mais ce nom a été inventé en 1959 par l'un des anciens propriétaires. Cet homme s'appelait Dupont, avait un fils René et une fille Catherine.
DURCAT
Adresse:
Dr H. Folletlaan 175, 1780 Wemmel
Tél : 02 460 38 03
Heures d'ouverture:
- Lundi à jeudi: 05h30 - 19h30
- Vendredi: 05h30 - 20h00
- Samedi: 05h30 - 18h00
- Dimanche: fermé
Contact:
E-mail : durcat@proximus.be