“LA CONSTRUCTION A OSSATURE BOIS DEVIENDRA LA SEULE OPTION”
LE GERANT DE HOUTBOUW DE BRUYN VOIT UN BEL AVENIR POUR SON SECTEUR
Pour le moment, la construction à ossature bois représente environ 8% du marché de la construction belge. La tendance est à la hausse et le restera encore un moment d’après Joris De Bruyn, gérant de Houtbouw De Bruyn. L’étanchéité à l’air prendra, en effet, selon lui de plus en plus d’importance et ici, la construction à ossature bois comporte assez bien d’atouts. Même s’il y a bien sûr aussi quelques écueils. Une grande expertise s’impose, par exemple, pour apporter une réponse aux problèmes acoustiques, tandis que la croissance du secteur dépend de personnel qualifié.

De Bruyn
SPECIALISATION DELIBEREE
La firme Houtbouw De Bruyn est spécialisée dans la construction à ossature bois. “Les gens nous confondent parfois avec une entreprise de menuiserie, mais nous n’en sommes pas une”, explique Joris De Bruyn, gérant. “Nous ne produisons pas de portes, escaliers, cuisines, … tous ces travaux de menuiserie classiques.
Nous nous concentrons très spécifiquement sur la construction à ossature bois. Nous voulons, en effet, faire ce que nous faisons en tant que spécialiste. Nous voulons savoir à 100% ce que nous faisons. Cela est bénéfique pour le client comme nous-mêmes. Cette approche nous permet de booster notre rendement et donc de travailler à des prix très abordables.”

Convaincu de la valeur ajoutée
En tant qu’entrepreneur, le choix de la construction à ossature bois est loin d’être évident. De Bruyn l’admet aussi. “Vous devez avant tout pouvoir soutenir pleinement votre choix”, déclare-t-il. “J’ai moi-même aussi construit ma propre maison avec une ossature bois. Vous devez être convaincu de la plus-value.
Vous ne devez toutefois pas non plus ignorer les inconvénients. Rien n’est tout noir ou tout blanc. Chaque méthode de construction a ses avantages et ses inconvénients.”
Connaissance poussée
“Un des avantages d’une spécialisation poussée, c’est évidemment que nous connaissons bien nos inconvénients et savons les gérer. Avec les bons matériaux et techniques, nous pouvons donc les limiter autant que possible.
Un menuisier classique ne possède généralement pas ces connaissances poussées pour repérer tous les pièges potentiels d’un projet. Et je ne pense pas tant ici à l’isolation thermique, car dans le cas de la construction à ossature bois, c’est en fait un jeu d’enfant. Je pense plutôt à l’acoustique ou l’amortissement thermique. Ce sont aussi des éléments importants dans la construction résidentielle moderne, qu’il faut bien prendre en considération.”

L’entrepreneur se lançant dans la construction à ossature bois doit, selon De Bruyn, être convaincu de son choix

“LA CROISSANCE DU CHIFFRE NE GARANTIT PAS LE SALUT”
Houtbouw De Bruyn ne tient pas à tout prix à voir son chiffre augmenter. “Booster son chiffre est très facile. Reste à savoir si cela est aussi judicieux. Nous essayons de réaliser notre croissance en fournissant de la qualité et en évitant les erreurs. Ce n’est que lorsque nous avons tout sous contrôle que nous pouvons commencer à croître en termes de chiffre. Selon moi, cela n’a absolument aucun sens de prendre bien trop de travail. Vous passez alors votre temps à résoudre toutes sortes de problèmes. Votre rendement chute irrémédiablement et le risque de réclamations en dommages et intérêts augmente de façon exponentielle. Cela est complètement contre-productif et vous vous forgez juste une mauvaise réputation. Non merci!”
Indépendant pendant les années de crise
De Bruyn a créé son entreprise en plein pendant la crise, en 2008. “La raison était simple. J’étais chef de projets et mon employeur de l’époque a mis la clé sous le paillasson. Les options se faisant rares, j’ai décidé de me lancer comme indépendant dans un segment du marché en lequel je croyais pleinement. Au début, vous êtes obligé d’accepter n’importe quel travail, aussi petit et sale soit-il. Nous avons travaillé de passé Louvain à La Panne. Comme vous acceptez tout, vous connaissez une croissance spectaculaire. Mais je suis aussi rentré violemment dans le mur. C’est pourquoi j’insiste tant sur le fait qu’une croissance du chiffre pure ne garantit pas le salut, si cette croissance n’est pas soutenue par une structure rationnelle. A partir du moment où un tapis automatique roule, il n’est pas très compliqué de le faire tourner un peu plus vite. La difficulté consiste surtout à faire avancer ce tapis automatiquement.”

Savoir pour qui vous travaillez
“Actuellement, nous travaillons à quatre. Ce nombre varie parfois. Nos clients sont principalement des particuliers, surtout des environs de Lokeren. Nous ne travaillons pas non plus pour de gros entrepreneurs ou promoteurs immobiliers, car ils ne pensent qu’à deux choses: la date de livraison d’une part et un prix le plus bas possible pour les sous-traitants d’autre part. Le reste leur importe peu. Je ne cautionne pas cette manière de travailler. Nous voulons faire notre travail correctement. Si notre méthode n’est pas la moins chère, c’est dommage pour ceux en quête du prix le plus bas.”
VITE ETANCHE AU VENT ET A L’EAU
La construction à ossature bois n’est pas une méthode de construction classique et implique donc quelques particularités. “Dans le cas de la construction à ossature bois, il s’agit d’être au plus vite étanche au vent et à l’eau”, explique De Bruyn. “L’ossature résiste à la pluie à condition de pouvoir sécher directement. Si nous devons parfois arrêter le montage, c’est plutôt à cause du vent que de la pluie.
En vue d’une étanchéité rapide, nous optons uniquement dans le cas de toitures plates pour l’EPDM et pour les Mastersystems. Il s’agit d’un produit d’excellente qualité doté d’une couche de répartition de la pression de vapeur. Il est très compatible avec une structure en bois devant pouvoir sécher. Une couche de répartition de la pression de vapeur améliore la capacité de séchage d’une construction. Un tel EPDM est l’un des plus coûteux du marché, mais comme je l’ai dit, nos rendements sont plus importants que notre croissance. Cela n’a pas de sens de croître en chiffre si notre marge ne suit pas.”
“UNE ETANCHEITE A L’AIR DURABLE EST LE MOT D’ORDRE”
L’étanchéité à l’air. Voilà d’après De Bruyn l’avantage majeur de la construction à ossature bois. “Ou plutôt, une étanchéité à l’air durable”, corrige-t-il. “Cela n’a aucun sens de rendre un bâtiment étanche à l’air s’il se retrouve deux ans plus tard plein d’interstices et de fentes. Un bâtiment traditionnel présente inévitablement des fissures de tassement altérant l’étanchéité à l’air. Ces fissures ne touchent pas la construction à ossature bois et l’étanchéité à l’air reste garantie. L’épaisseur d’isolation est par ailleurs facilement réalisable avec la construction à ossature bois. Avec un mur extérieur de 30 cm, nous pouvons réaliser une habitation très bien isolée. Au niveau de l’acoustique, nous devons tenir compte du bruit de l’intérieur et de l’extérieur, des bruits d’impact sur les éléments de sol et du bruit de la rue. Il faut aborder ces facettes intelligemment.”
PROPRE PRODUCTION DE MENUISERIE EN ALUMINIUM
Houtbouw De Bruyn dispose d’un propre atelier pour la menuiserie extérieure en aluminium. “Nous avons opté pour l’aluminium selon le principe: le bon matériau au bon endroit. La menuiserie extérieure en bois est du passé. Avec le bois, il est trop difficile de satisfaire aux normes modernes pour la menuiserie extérieure. Même s’il est encore beaucoup utilisé, je n’approuve personnellement pas. Le PVC a beau être peut-être un peu plus performant que l’aluminium sur le plan thermique, l’aluminium le bat sur le plan de la stabilité. Sachant qu’on demande aujourd’hui de plus en plus de grandes fenêtres, le choix de l’aluminium a donc été vite fait. Mais à nouveau: notre spécialiste des profilés en aluminium ne fait que cela. Personne ne peut maîtriser cinq métiers. Nous non plus.”
COUP D’ŒIL VERS L’AVENIR
“D’ici cinq ans, je serai satisfait si nous avons résolu bon nombre de nos points faibles”, affirme De Bruyn. “La perfection n’existe pas. Chez nous non plus. Des écueils surgiront autrement dit toujours, mais nous devons être vigilants et être solidement ancrés dans notre métier. Pour le moment, nous avons fait de l’ossature bois notre routine, et nous excellons donc dans ce domaine. A présent, nous tentons de limiter encore la région de travail. Nous travaillons actuellement dans un rayon de 40 kilomètres autour de Lokeren. Cela doit être une région où nous pouvons offrir un service correct à nos clients. Ce point est également quasiment classé. Il n’est, en effet, pas réaliste de dire qu’une demi-heure de route serait trop loin pour nous. Le marché de la construction à ossature bois est trop petit pour cela. Une fois ces paramètres sous contrôle, nous pourrons penser à la croissance.”
“Pas de croissance sans personnel qualifié”
Quand De Bruyn pense à la croissance, il se retrouve toutefois directement confronté à un problème supplémentaire. “Trouver du personnel qualifié est très difficile. Je sais que je ne vous apprends rien, mais c’est vraiment ainsi. Il y aura autrement dit une croissance jusqu’à ce qu’on ne trouve plus de personnel qualifié. Nous aurons notamment besoin d’un dessinateur CAO, d’un chef de projets et d’ouvriers. Le futur personnel doit, en outre, provenir de la région, car nous voulons construire une relation à long terme. Une personne devant faire chaque jour une heure de route pour venir travailler ne restera pas chez nous.”
Bel avenir pour l’ossature bois
Selon des études, la construction à ossature bois représente aujourd’hui une part de marché de 8%. D’après De Bruyn, elle ne fera qu’augmenter. “Je pense même qu’il n’y a pas d’autre option. Il sera de plus en plus difficile de construire de manière traditionnelle. Il faut beaucoup d’énergie pour produire des briques. Si le prix de l’énergie augmente, celui des briques aussi. Il faut, en outre, creuser de plus en plus profondément pour trouver de l’argile. A un moment donné, cela posera des problèmes. L’isolation prendra aussi de plus en plus d’importance. Il est clair que cela marche mieux avec une construction à ossature bois qu’avec un bâtiment en briques. L’étanchéité à l’air est une notion encore trop souvent sous-estimée aujourd’hui, mais cela va évoluer avec le temps. C’était pareil au début pour l’isolation et aujourd’hui, c’est une notion largement répandue.”