LE MAZOUT ET LE GAZ DISPARAISSENT,
L'ELECTRICITE EST L'AVENIR

Se recycler constamment sur les dernieres technologies est une necessite

“L'installateur que vous êtes, ne peut pas rester inactif. Vous devez être en phase avec votre époque et vous recycler dans les toutes dernières technologies, car le gaz et le mazout seront inévitablement supplantés. L'électricité devient le nouveau vecteur d'énergie." Tel est le message du professeur Dirk Saelens, qui enseigne à la KU Leuven et est actif auprès de l'institut de recherches EnergyVille. Il voit surtout un avenir pour les pompes à chaleur, les panneaux PV et les systèmes de stockage de l'énergie, mais il croit aussi fortement dans le potentiel des réseaux thermiques.

L'ELECTRICITE DEVIENT LE NOUVEAU VECTEUR DE L'ENERGIE

Comment améliorer les prestations énergétiques d'un bâtiment sans sacrifier le confort? Cette question hante Dirk Saelens, depuis qu'il a terminés ses études d'ingénieur-architecte à la KU Leuven en 1997. De nombreuses analyses énergétiques de bâtiments et de systèmes de bâtiments plus tard, il fait aujourd'hui autorité dans cette discipline. Il est professeur en génie civil à la KU Leuven, où il enseigne et effectue des recherches, et il est étroitement impliqué dans l'institut de recherche EnergyVille qui fournit son expertise à l'industrie et aux pouvoirs publics sur les systèmes d'énergie intelligents et durables pour environnements urbains.

ENERGYVILLE
EnergyVille réunit les instituts de recherche KU Leuven, VITO, imec et UHasselt pour la recherche sur l'énergie durable et les systèmes d'énergie intelligents. Ils examinent quels systèmes pourraient jouer un rôle significatif à l'avenir. Les chercheurs se penchent sur toutes sortes de projets de recherche sur e.a. les réseaux thermiques de la quatrième génération, les systèmes PV intégrés dans le bâtiment, la commande des systèmes multi-énergie, etc.

Le mazout et le gaz disparaîtront dans les trente ans

“L'électricité sera le nouveau vecteur d'énergie. Le mazout et le gaz seront inévitablement supplantés", le professeur Dirk Saelens en est convaincu. “Il ne peut pas en être autrement. D'ici 2050, l'Europe veut être quasi neutre en CO2. On ne peut donc pas s'attendre à pouvoir encore brûler du gaz ou du mazout?" Dirk Saelens estime que le mazout et le gaz disparaîtront du secteur du chauffage et de l'énergie dans les trente ans. “Nous notons d'ores et déjà une transition énergétique. Lorsque j'étudiais dans les années 90, les chaudières au gaz et au mazout dominaient. Aujourd'hui, nous voyons un glissement évident vers les pompes à chaleur, les panneaux PV, l'intégration des sources d'énergie renouvelables et le stockage d'énergie thermique."

LES SYSTEMES DE STOCKAGE SONT DE PLUS EN PLUS IMPORTANTS

Pour Dirk Saelens, une pompe à chaleur, combinée avec des panneaux PV, est actuellement la meilleure solution d'avenir pour les nouvelles constructions. “Mais pour être réellement paré pour l'avenir, le système installé doit être assez flexible. Songez en effet que la production d'énergie, p.ex. d'électricité, ne se fera plus sous peu à partir d'installations centrales telles qu'une centrale électrique, mais de façon décentralisée, par exemple depuis le toit des habitations flamandes. Ceci veut dire que nous devenons des fournisseurs d'énergie et que tout le système d'approvisionnement tel que nous le connaissons, sera chamboulé."

Les réseaux thermiques et les systèmes de stockage gagnent en importance

“Les réseaux thermiques joueront un rôle significatif, car chaque maison ne peut pas recevoir une isolation accrue ou ne convient pas à l'installation de panneaux solaires. Songez aux immeubles protégés dans le centre-ville. De plus, les réseaux thermiques sont une manière intéressante de valoriser la chaleur résiduelle de l'industrie ou d'autres bâtiments, ou l'énergie renouvelable extraite à grande échelle de la géothermie profonde. C'est pourquoi je conseille également à l'installateur de se recycler dans les sous-stations." Par ailleurs, le professeur entrevoit aussi un rôle important dévolu aux systèmes de stockage. “Nous serons contraints de stocker quelque part notre énergie autoproduite, car le soleil, le vent ou d'autres producteurs d'énergie durables sont très variables. Il y aura des périodes d'abondance et des périodes de pénurie."

L'EUROPE ENVISAGE LE SMART READINESS INDICATOR

Le compteur intelligent peut signifier beaucoup ici. “Oui, un véritable compteur intelligent. Pas un compteur 'moins stupide' comme introduit maintenant. Ce compteur dit intelligent communique difficilement avec le réseau et ne peut donc pas réagir à la demande actuelle du marché. Si la journée est ensoleillée et que la production d'électricité est excédentaire, il n'est pas intéressant de fournir l'électricité au réseau, mais il est bel et bien particulièrement intéressant de faire tourner le lave-vaisselle ou le lave-linge. Un compteur intéressant devrait pouvoir coordonner le jeu de l'offre et de la demande." Les compteurs intelligents doivent être compatibles avec le marché futur. “Le problème est naturellement que nous ne savons pas encore bien à quoi ressemblera précisément ce marché futur."

Les bâtiments prêts pour la technologie intelligente reçoivent un meilleur niveau e

L'Europe a bel et bien esquissé les grandes lignes du marché futur, notamment à l'aide de la réglementation sur les prestations énergétiques PEB. “2006, l'introduction de la PEB, fut un réel point de basculement pour le secteur", précise Dirk Saelens. “Cette introduction a initié une très bonne évolution. Les bâtiments sont de plus en plus économes en énergie." On s'attend à ce que la réglementation PEB récompense mieux à l'avenir les bâtiments dotés de technologies intelligentes. “L'Europe envisage d'introduire un 'smart readiness indicator' pour les bâtiments. Via cet indicateur, un bâtiment sera évalué sur son intelligence. Y a-t-il un système de gestion de bâtiment? Un compteur intelligent est-il prévu? A terme, la 'smart readiness' d'un bâtiment pourrait devenir un critère PEB et influencer le niveau E."

TEMPS DE RECUPERATION SOUVENT BIEN PLUS LONG QUE PREVU

“Mais la réglementation PEB comporte aussi des manquements. La valeur des innovations est souvent sous-estimée par le logiciel PEB, si bien que celles-ci ont bien plus de mal à se développer sur le marché. Un second problème est que le logiciel PEB est utilisé à tort pour estimer la consommation d'énergie des bâtiments. Ce logiciel n'a pas été mis au point pour cela!"

Le logiciel peb donne une image déformée de la consommation d'énergie

Le professeur note une grande différence entre la consommation d'énergie calculée par le logiciel et la consommation d'énergie réellement mesurée d'un bâtiment. “Des bâtiments mal isolés consomment en réalité nettement moins que ce qui est calculé par le logiciel PEB. Pour plusieurs raisons. Par exemple, nous voyons que les personnes qui habitent dans un bâtiment mal isolé, tentent de limiter leur consommation. Ce 'performance gap' est un gros problème. Il donne une image déformée. On connaît des cas où le temps de récupération des mesures d'énergie était en réalité deux fois plus long que le temps de récupération calculé sur la base des observations PEB."

L'ENERGIE EST TROP BON MARCHE

Mais un plus long temps de récupération n'est pas une raison pour reporter les investissements à économie d'énergie, estime Dirk Saelens. “Le temps de récupération n'est pas un critère correct, parce que les prix de l'énergie actuels sont trop bas. Les prix de l'énergie ne reflètent pas les coûts sociaux réels. Les problèmes liés à l'énergie, comme la pollution ou les mesures pour combattre le changement climatique ou ses conséquences, ne sont pas inclus dans le prix. Ils sont étalés sur toute la société, chacun paie, mais de cette manière, l'utilisateur final ne se rend naturellement pas compte du coût réel de l'énergie."

Besoin de plus de taxes sur la consommation d'énergie

Le professeur est partisan du principe pollueur- payeur. Il entrevoit une solution dans un tax shift qui lève davantage de taxes sur la consommation d'énergie. “Ceci a l'avantage que les gens voudront aussi agir sur leur consommation d'énergie pour des raisons financières."

CARRIERE DE DIRK SAELENS
1992-1997: Ingénieur-architecte (KU Leuven)
1997-2002: Doctorat sur le potentiel énergétique des doubles façades ventilées (KU Leuven)
2002-2005: Post-doctorat sur le potentiel énergétique des doubles façades ventilées (KU Leuven)
2005-2008: Ingénieur de projet spécialisé dans la simulation de bâtiment et l'efficacité énergétique d'un bâtiment (VK Engineering)
2008-maintenant: Professeur à la Faculté des Sciences de l'Ingénieur, département Physique de la Construction (KU Leuven)
2011-maintenant: Lié à l'institut de recherche EnergyVille

Pour Dirk Saelens, une pompe à chaleur, combinée avec des panneaux PV, est la meilleure solution d'avenir à l'heure actuelle pour les nouvelles constructions. Au sein de la faculté du professeur, sont menées des recherches sur les panneaux PV Dirk Saelens devant un mur-test de systèmes PV de la KU Leuven