Le plus grand projet d'aquathermie en Flandre
Kaai City disposera d'un système de chauffage et de refroidissement sans énergie fossile, alimenté par le sol et l'eau de la rivière
À Courtrai, le premier projet aquathermie à grande échelle de Flandre arrive à son terme: le nouveau quartier Kaai City du promoteur immobilier CAAAP est alimenté en chaleur durable grâce à l'eau de la Lys. La réalisation est assurée par Energiehaeven, la joint-venture d'Artes Group et Van Marcke, avec le soutien de la Flandre. Plus de 300 logements, un nouveau campus HOWEST et une dizaine de magasins y sont chauffés et refroidis sans aucune énergie fossile.
La rivière comme source de chaleur durable
L'utilisation de pompes à chaleur aquathermales et géothermiques à cette échelle est une nouveauté en Flandre et illustre également l'intérêt croissant pour le chauffage sans énergie fossile comme pilier abordable de la transition énergétique.
Avec la construction d'une connexion directe entre la Lys et le projet de développement urbain Kaai City, le fleuve devient une source de chaleur durable pour cette partie du centre-ville de Courtrai. La consommation annuelle de chaleur de ce nouveau quartier s'élèvera à environ 1 GWh.
Si cette énergie était produite à l'aide de chaudières à gaz classiques, cela correspondrait à environ 100 000 m³ de gaz naturel et à plus de 180 tonnes de CO₂ par an. Cela équivaut à la capacité d'absorption d'environ 6 000 arbres ou, en termes d'émissions, à plus de 25 fois le tour de la Terre en voiture diesel.
Commutation entre la chaleur du sol et celle de l'eau
La chaufferie centrale du site abrite plusieurs pompes à chaleur, qui représentent ensemble une puissance de chauffage de 900 kW, soit l'équivalent de la puissance simultanée de 900 fours à micro-ondes. Ces pompes à chaleur permettent un chauffage et un refroidissement optimaux tant sur le plan énergétique que financier, car il est possible de passer de la chaleur géothermique provenant du champ BEO sous-jacent à la chaleur aquatique provenant de la Lys.

Un changement radical pour la transition énergétique flamande
L'utilisation de la chaleur fluviale à une telle échelle est une première en Flandre. L'eau fluviale permet en outre de réduire la pression exercée sur le sol et de le recharger activement en chaleur pendant l'été.
À plus long terme, la température moyenne du sol diminue d'année en année lorsqu'on utilise un champ classique pour le stockage d'énergie géothermique (BEO). Cela peut entraîner un 'épuisement' du sol. L'ajout de l'aquathermie permet de maintenir l'équilibre du sol pour chaque hiver à venir. Ce projet pionnier rend ainsi l'application de l'aquathermie structurellement pérenne et évolutive.
Une meilleure alternative que les pompes à chaleur individuelles
"Kaai City prouve que le chauffage sans énergie fossile à l'échelle d'un quartier est une technologie d'avenir techniquement réalisable. Grâce au soutien du gouvernement flamand via le Call Groene Warmte, cela est également devenu économiquement viable", explique Matthias Hoornaert, co-PDG d'Artes Group et PDG de CAAAP.
"La combinaison de l'aquathermie et de la géothermie à cette échelle est l'une des méthodes de chauffage et de refroidissement les plus écologiques et les plus économes en énergie. Ces mini-réseaux de chaleur constituent, surtout en milieu urbain, une meilleure alternative que les pompes à chaleur individuelles."
"Les systèmes collectifs offrent des économies d'échelle, une plus grande stabilité et éliminent certains obstacles pratiques, tels que l'acoustique. Le projet de Courtrai sert déjà de référence pour d'autres projets de quartier en Flandre situés à proximité d'un cours d'eau."
Renforcer la viabilité financière
Le lancement des travaux sur les berges, dernière phase du développement du projet, s'est déroulé en présence de Melissa Depraetere, vice-présidente du gouvernement flamand et ministre flamande chargée notamment du Logement, de l'Énergie et du Climat. Elle encourage le chauffage et le refroidissement des quartiers par aquathermie à partir de l'eau des rivières, notamment en accordant des subventions via le concours Call Groene Warmte.
Ce projet à Courtrai a également bénéficié d'une aide de ce type. L'un des obstacles financiers aux projets d'aquathermie est la redevance dite de captage: une contribution due au gouvernement flamand pour le captage d'eau sur les cours d'eau navigables. Cette taxe vise à couvrir les coûts nécessaires pour maintenir le niveau d'eau à un niveau approprié en période de sécheresse.
Cependant, dans le cas de l'aquathermie, seule la chaleur (ou le froid) est extraite de l'eau, ce qui n'a aucun impact sur le débit. La taxe manque donc son objectif. Les installateurs et les exploitants d'installations aquathermiques plaident depuis longtemps en faveur de la suppression de cette redevance afin de ne pas freiner inutilement le déploiement des projets aquathermiques.
"En Flandre, nous devons devenir indépendants du gaz de Poutine. Il est cher, polluant et surtout incertain. D'une simple pression sur un bouton, il augmente le prix ou nous coupe l'approvisionnement en gaz. C'est pourquoi nous devons, en Flandre, passer à une énergie locale: l'eau, le soleil et le vent. C'est propre et moins cher. Et surtout, cela nous donne la certitude qu'il y aura toujours de l'électricité", déclare Melissa Depraetere, ministre flamande de l'Énergie et du Climat.
Une première dans le domaine du chauffage sans énergie fossile
Kaai City sera le plus grand projet résidentiel de Flandre à miser sur cette technologie de chauffage sans énergie fossile. Le développement, coordonné par CAAAP et Artes Group, illustre comment la production durable de chaleur peut s'intégrer parfaitement dans un projet de rénovation urbaine à grande échelle.
En tant qu'entreprise de services énergétiques (ESCO), Energiehaeven se charge de la conception, de la réalisation et de la gestion à long terme de l'ensemble du système.
L'investissement initial reste ainsi abordable pour les habitants, ce qui constitue actuellement le principal obstacle pour ceux qui souhaitent opter pour une pompe à chaleur. Grâce à l'approche collective et à la coordination professionnelle, la consommation d'énergie est en outre limitée, ce qui se traduit par une facture énergétique moins élevée.
Dans un contexte de marché énergétique en pleine évolution et souvent incertain, une ESCO fiable offre aux habitants la sécurité nécessaire. L'université HOWEST est également impliquée dans le projet, à la fois en tant que cliente et en tant qu'institut de recherche. Dans le cadre du projet européen Waterwarmth, elle étudie l'impact et l'optimisation des systèmes aquathermaux. À cette fin, Energiehaeven met les données d'installation à la disposition de l'équipe de recherche.

"Le projet est ainsi la preuve tangible que le chauffage urbain durable est non seulement technologiquement possible, mais qu'il peut également être abordable et évolutif lorsque les partenaires de la construction et les décideurs politiques vont dans la même direction", conclut Caroline Van Marcke, PDG de Van Marcke.
Source: UPR Bruxelles